On n’est jamais si
bien trahi…
Que par soi-même.
Quand ce corps,
autrefois objet de tant d’égards,
Se souvenant même
d'amoureux, oui, regards,
Que plie le poids
des os, va se désassemblant,
Chaque jour
s’affaissant, en rien nous ressemblant.
Quand dressent
d’un coup des cellules profilaires
Le drapeau noir de
l’anarchie qui prolifère,
Que ces veules
tumeurs, engeance oedémienne,
Veulent tuer le
père, ô vengeance œdipienne !
Lorsque nos
neurones même, la partie noble !
S’en vont par
millions, gaz en fuite indécelable,
Laissant l’esprit
en dérive et sans souvenirs,
Homme boat-people
sans passé, sans avenir.
Quand la mécanique
jadis fluide se rouille
Et que se
craquelle l’initiale coquille,
Que ne se meuvent
plus sans vraie calamité
Les articulations,
rouages encalminés.
Quand il y a
prescription, médicamenteuse
Suivie par
conviction qu’on sait pourtant menteuse,
Que l’on
aban-donne entier son corps à la science
Pour apaiser un
temps encore sa conscience.
Sans parler de la
trahison des convictions
Quand retournée,
la veste chargée d’ornements,
A l’époque ajustée
comme un caméléon
Et à la va-vite
aux modes raccommodée...
Laisse voir les
mille couleurs des reniements,
Signant ce avec
quoi l’on s’est accommodés.