mardi 24 février 2015

Métaphore du Sémaphore


Que cette gare, qui comptait dix quais,
De belles destinations indiquait !
Au début, notre train croisa le fer,
Dévié par les voies du chemin de fer
Lorsqu'il prît son grand départ à l'heure,
Ce qui ne s’accomplissait pas sans heurts !

Il cheminait à un train de limace
Et que de cris, grincements et grimaces !
Puis, une fois la mise en train passée
Nous nous retrouvâmes alors lancés
À toute vitesse en notre convoi,
Apaisés d'avoir trouvé une voie.

Ce train m’a fait repenser aux prémisses
De notre jeunesse riche en promesses,
En ce temps où la douce perspective
D’attractives et multiples prospectives,
De tant de voies possibles à emprunter,
Au jeune âge nous avait enchantés.

Puis qui, dépassées les incertitudes
De notre début de vie un peu rude
Nous trouvons comme l'on dit, sur des rails,
Allure stabilisée non sans mal,
Porteurs sains en nos chairs de ces aiguilles
Que l'âge y plante comme banderilles.

Nous, dont le train de vie, vide et blindé
N’a bien comme objectif prédestiné
Que l’unique et connue destination
Où tous sans exception nous descendrons,
Sans qu'il soit permis de marquer l'arrêt
Pour cueillir la fleur joliment parée.

Qui ne faisons, dans notre bref passage
Jamais plus qu'effleurer le paysage,
Placés derrière une vitre glacée,
Guidés par des voies trop bien balisées,
Lançant juste une sirène éplorée
Quand nous croisons des semblables égarés.


lundi 16 février 2015

Galaxies Terrestres


Voyageur dans la nuit, de ville en ville j’erre,
Galaxies de lumière aux bras tentaculaires
Magnanimes en magnitude lancée dans l’air
Où la surbrillance en vifs noyaux s’agglomère.

Ces villes-lumières me semblent être en fusion
Et progressivement s’étalent aux environs
Telles un magma ardent de braises rougeoyantes
Qui rejoint même un jour les villes adjacentes.

Feux rouges s’épanchant ou blancs qui se malaxent,
Leurs routes à l’approche dessinent de grands axes
Nimbées de halos qui troublent la parallaxe.

Lueurs horizontales de leurs beaux quartiers
Alignées comme il faut, sages et coordonnées,
Éclairant la pierre meulière halogénée.

Verticales sont celles de leurs grands ensembles
Aux péri-fééries qui à rien ne ressemblent,
Disparates en teinte et n’allant jamais ensemble.

Dans la nuit profonde feux et foyers y brillent
Et de loin dans l’air chaud je les vois qui scintillent
Comme blanche neige qui tombe sur ces villes.

Mais leur lumière rend visible la noirceur,
Ainsi que leur moiteur sensible la fraîcheur
De nos sombres forêts dont la masse fait peur,
Pour un temps oubliées des maires et promoteurs.

Pareilles à des trous noirs, toutes de gravité,
A tous les transfuges rejets de ces cités,
A tous ceux que la ville a pris en cécité
Elles offrent un refuge en leur douce obscurité. 


lundi 9 février 2015

Planète des Songes


Constamment l’on peut voir les vivants pour leurs morts
Qui sur l’autre rive doivent gagner le port,
Être pleins de vive affrétée sollicitude
Tant ils voient qu’infinie devient leur solitude.

Aux blanches cliniques, des jeunettes graciles
Au moment critique, avenantes et faciles,
Dégorgeantes de vie, assèchent les sueurs
Et pallient à leur vie, les langeant de suaires.

Puis aux cimetières, sous le rude soleil
De jeunes hommes rieurs, dans la clarté vermeille,
S’en s’épargner peine, à force de durs coups
Creusent en la terre d’oblongs et profonds trous.

Enterrant ces ci-gît pour que, sis sous la pierre
Sous l’ombre des soucis, à six pieds sous la terre,
De feus-là qui souffrirent
L’on n’ait plus rien à dire.

Ceci fait, plus lourd que le marbre, vient l’oubli,
Oui, juste interrompu par moments dans la nuit
Par l’envol affolé
D’incertains feux follets.

lundi 2 février 2015

La Possibilité du Nil

Incolore, l’eau du fleuve crée
La limite toute en netteté
Entre ce vert qu’elle nourrit
Et le jaune sable, qui tarit.

Sur plusieurs milliers de kilomètres
Elle irrigue quelques kilomètres,
Contre le désert livrant combat,
L’alpha et l’oméga du delta.

Vérité crue, et sans allusions
Que s’en vont charrier ses alluvions.
De ses sources à la mer, altruiste

Nullement n’est le Nil nihiliste.