lundi 31 août 2015

Effets-Levier


Comme le battement d’ailes du papillon
Crée aux antipodes un chaos dans son sillon…

Comme cette infime force de Coriolis
Change les plus forts vents et courants en hélices…

Comme d’un seul regard, insoutenable et fixe,
Le noir magnétiseur vous envoûte et vous fixe…

Comme un frêle levier, l’espace d’un moment
Soulève, petit bras, le plus lourd monument…

Comme le magnétisme, de son champ invisible
Induit à distance un mouvement prévisible….

La douceur, en dose même homéopathique

Peut enclencher, vois-tu, tant de forces empathiques.

lundi 24 août 2015

Six Degrés de Séparation

Six degrés de séparation 
Nous relient toujours me-dit-on,
Malgré notre séparation, 
Même si tu vis sous d’autres horizons.

Car l’ami de l’amie de l’amie
De l’amie de mon ami,
Est ton ami, oui, ma mie.

Et cet amical lien 
Encore nous retient 

Même le sanglant dictateur 
Est ami lointain d’ami de cœur,
Il ne pourra pas refuser 
A moi son ami, de brûler ses fusées.

Car l’ami de l’amie de l’amie
De l’amie de mon ami,
Est son ami, à cet ennemi.

Et cette amicale chaîne 
Combat la haine.

Ces six degrés de séparation
Me font rêver à d’autres ponts,
Un chemin amical et humain 
Qui serait fait de langue des mains.

Car l’ami de l’amie de l’amie
De l’amie de notre ami,
Est notre ami, jamais n’oublie !

Et cet amical cortège 
Nous protège.

lundi 17 août 2015

Les Lignes de l’Imaginaire


Les lignes en vos pensées ne sont qu’imaginaires
Mais pas autant pourtant que vous pourriez le croire.
Souvent, même invisibles  elles sont si malignes
Qu’elles ont sur le réel de lourds effets insignes.

Les lignes invisibles des champs magnétiques
Irrésistiblement attirent les alliages
Et d’étranges êtres, messies charismatiques,
Vers nous en dégagent et nous prenons leur sillage.

La sombre ligne bleue de la forêt des Vosges
Fut une frontière que nos yeux interrogent.

Le trente-huitième parallèle en latitude
Aujourd’hui encore sépare les Corées
En piques au ciel pointées, à peine édulcorées,
Qui pour passer n’offrent guère de latitude.

Et c’est sur le tracé fictif d’un méridien
Qu’Espagne et Portugal, sur le dos des Indiens,
Se partagèrent à l’ancienne le Nouveau monde
Avec leurs grands ciseaux, le long des longitudes.

Dans notre chair même, les lignes de la main
Délimitent il paraît, nos fragiles destins.

Et n’entend-on pas que, passé un certain âge
Celles qui se creusent sur notre visage
Gardent la mémoire des espoirs et affronts
Comme après les guerres les lignes d’anciens fronts.

Les lignes d’ombre de nos personnalités,
Les lignes vertes où se figent les durs conflits,
Les lignes d’horizon qui bornent nos visions,
Les lignes rouges que l’on ne doit pas franchir,
Les lignes qui bougent, auxquelles il faut  s’adapter
Et le non-dit qui fait son lit entre les lignes !

Inversement, pensée dure comme le fer
La ligne Maginot ne fut qu’imaginaire !
Oui, car elle donna la vraie grande illusion

À tous un temps d’une illusoire protection.

lundi 10 août 2015

Le Cartel Corporel


Lorsque je ne suis plus qu’esprit, et que mystère
Dialoguent les lobes de mes deux hémisphères
Et se connectent entre elles mes synapses grises,
D'ébauches de pensées créant le synopsis.

En ces moments alors, quand je viens à penser
Étonnamment surgit des cellules grisées
Toute une débauche d’images colorées
Par électrochimique alchimie enclenchées.

Tandis que le reste de mon corps vit, et meurt,
Baigné d’humeurs insensibles à mes humeurs,
De fluides indifférents de toutes les couleurs
Glissant fielleusement mais souvent sans douleur.

Malignes, des cellules y enflent et prolifèrent
Tandis que d’autres qui sans cri se sont tues, meurent.
Vie parallèle où tout un monde grouille et sourd,
Que je ne perçois guère, vrai dialogue de sourds !

Et il y a désormais bien longtemps que mon cœur
Fît sécession de moi après bien des rancœurs,
Qu’il clame avec ardeur haut son indépendance,
Sachant que vitale est à lui ma dépendance.

La greffe avec ce cœur jamais vraiment ne prit !
Et il bat chamade au rythme qu’il se choisit,
S’arrêtant, vrai farceur, entre deux battements,
Privé d’oxygène, laissé anxieusement !

J’ai bien pensé j’avoue, à m’en débarrasser,
Oui, mais quelle femme voudrait d'un cœur usé ?

Il n’y a bien que lors des forts moments charnels,
Quand le corps, et l’âme, sont tenus en éveil
Que tout ce monde-ci peut se réconcilier
Et rendre unité à mon être écartelé.

Qui ne fait plus dès lors qu’un unique et seul corps,
Mais ces moments sont brefs, je le sais bien, par cœur...


mercredi 5 août 2015

Auto-Portrait


Sans cesse inachevé, je suis une œuvre humaine
De la fin vingtième, début vingt-et-unième,
Qu’on pourrait bien croire figurer un portrait
Mais qui sous la croûte du crâne reste abstrait.

Regard noir, que souvent l’on prend pour de la haine,
En tous points conforme à l’heure contemporaine
Mes traits sont fort grossiers, voire même équivoques
Et déjà torturés, comme peints par Pollock.

Exposé aux vents froids, jamais aux alizés,
Dès le départ je fis salon aux Refusés
Sans réussir à quitter mon cadre étriqué,
Paré du vil vernis des savoirs fabriqués.

Les traits décomposés par faute des regrets
Le visage vieillit, pareil à Dorian Gray
Et le Temps, ce peintre, sur cette toile hérisse
Des rides creuses assassines de la peau lisse.