lundi 28 septembre 2015

Rêves-Parties



Toi,

Lorsque tu t’endors je te souhaite « Bon voyage ! »
Car voici que tu pars en lointains paysages,
Passant les océans, survolant les montagnes,
Pour rencontrer, là-bas, des peuplades en pagne.

Découvrant d’un œil neuf leurs étranges coutumes,
T’enivrant des parfums que ton odorat hume,
D’idiomes gutturaux, de leurs étranges corps,
Munis d’un passeport, tes rêves embarquent au port.

Moi,

Toujours plus quelconques se révèlent mes rêves
Qui me ramènent au vil quotidien, sans trêve !
Même libres, mes élucubrations psychiques
Sont forces de rappel, pareilles à l’élastique.

De nuit songeant, j’évolue dans des lieux communs
Qui ne sont que ceux de ma banlieue de gamin,
Terrain vague où je croise des amis, piégés,
Qui guère plus que moi, ne purent en bouger.

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Ainsi, bien loin d’être comme les tiennes épiques
Mes rêves-parties sont tristes et prosaïques !
Et pourtant, l’irréel naît du morne réel
Car leur monde recréé n’est jamais vue fidèle.

Oui, l’étrange y survient par un vrai jeu de pistes

Tout comme, vois-tu, ces toiles hyperréalistes.



lundi 21 septembre 2015

Collision des genres


Un homme, une femme
Ont cessé le travail des champs.
Ils prient, c’est l’heure de l’Angélus,
Le soleil couchant est doux et caressant.

Au loin se devine un village, son clocher,
Tout est paisible et ces paysans
Sont un vrai dépaysement.

Mais tout à coup ! passe un TGV
A toute vitesse, qui d’un coup net
Lacère le tableau de maître
Et crève la toile champêtre.

Dans la béance apparaît un instant
Un monde de cadres et de cravates,
De palms et d'attachés cases,
Furtive ligne de fuite.

Personne pourtant
Ne crie au scandale
Pour ce tableau déchiré.

Qui le fait changer d’époque,

De Millet, à Pollock.

lundi 14 septembre 2015

Une Ressouvenance


Souvenir intrigant d'un jour insignifiant,
Des décennies après revenant sans raisons ?!
Tandis qu'aux oubliettes vite s’en allèrent
Tant d'anniversaires, d’instants inaltérables
Et d'autres angoissés passages de millénaires,
Plus-beaux-jours-de-la-vie pensés inoubliables !
En mémoire ce Jour est cependant gravé,
Lancinant à l'esprit en certaines occasions
Sans même être marqué d'un rond chiffre sonnant.

Est-il à notre oubli quotidien antidote
Comme ces quelconques papiers qu'on antidate
Et qui prennent par-là une autre gravité ?
En le rythme scandé des feuilles éphémérides,
Symbole de ces jours où rien de mémorable
Ne survint, mais creusent en nous d’éphémères rides ?
Ou piqûre et rappel, du moment gratuit, encore
Que sera sans doute le jour de notre mort,
Pour d’autres indifférent, léger comme bricole


Mais instant qui suspend ton vol ?

lundi 7 septembre 2015

Traversé du Désert


Tel le sable saharien, en volant,
Invisible et cependant pénétrant
Moire les brillantes étendues lacustres,
Jour puis jour, le Doute en l’être s’incruste.

Grain d’instable aux mécaniques mentales
Pourtant bien huilées et occidentales,
Menaçant leur onctueux engrenage
D’un proche et qui sait ! Fatal enrayage.

Avance inéluctable de ce sable,
Sans bruit qui gagne nos pensées arables
Et y fait disparaître la verdeur.

Qui craquelle la surface où, au cœur
Il faut creuser pour retrouver, vainqueur,

De notre ancienne enfance, la fraîcheur.