lundi 31 mars 2014

Géo-Maîtrise


Le monde moderne est celui des lignes droites.

Bâties par l’Homme en travail de fourmi
Les routes éventrent le vert ondoyant
Qu’elles outrepassent avec force et mépris, 
Se riant des courbes aux cours d’eau riants !























Le monde moderne est celui des lignes droites.

D’avec leur implacable quadrillage
Les lignes opèrent un remembrement
De notre héritage, comme un placage,
Ces molles et lentes sinuosités,
Courbures de l’espace, nées du temps,
Condamnées qui ne sont plus usitées.
















































Le monde moderne est celui des lignes droites.

Jusqu’en nos cieux, les traînées des avions
Bravent les nuages aux formes bizarres
Et de nuit leurs feux font constellations
Qui redessinent la Voûte au hasard.




















Jusqu’au cœur même des forêts profondes
D’inattendus alignements rappellent
Que la main de l’Homme pousse féconde
Qui géo-maîtrise le végétal.


























Le monde moderne est celui des lignes droites






































Directement issues en droite ligne
Du dur Manifeste des Futuristes,
Des vitesses avides de rectiligne,
Des communications, du haut débit
Elles offrent au regard des lignes de fuite,
Ainsi qu’à ceux qui sur elles s’enfuient.





























Le monde moderne est celui des lignes droites

Mais pourtant la Terre est toujours ronde !
Faudra-t-il l’aplatir comme limande
Et qu’enfin se touchent ses antipodes 
Pour accélérer nos vies en ce monde ?

lundi 24 mars 2014

La vie [droit] devant soi


          Je les vois jeunes encore et bien portants
Mais certaines fois pourtant je m’étonne
Que la vie droit devant soi traversant,
Déjà de si peu de choses ils s’étonnent.

Aveugles à ce qui s’offre à leur côté
Jamais ils ne s’émerveillent sans peur
Ni ne s’autorisent des à-côtés,
Rien ne venant réveiller leur torpeur.

Une vie qu’ils parcourent comme un songe,
Décor de western propice aux mensonges
Où ne leur autorisent leurs œillères
Que de rapides œillades buissonnières.

Oui, leur route est tracée sur parchemin,
Celle même où, droits sur leur droit chemin
Confortables ils se calent dans l’ornière
Qui les guide à la seconde dernière.

lundi 17 mars 2014

Révolution copernicienne à l'adolescence



Enfants, nos deux parents sont tels les centres fixes
De ce monde étrange qu'au loin nous percevons,
Monde qui tourne autour de ces soleils en rond,
Surhommes tout-puissants dans notre esprit prolixe.

Ils sont valeurs-refuges aimant,
Géniteurs et étalons-or
Tout contre lesquels on s’endort
Qui calment nos rages de dents.

Une fois adultes et univers d’expansion
Nous nous éloignons d'eux qui d'eux-mêmes s'en vont
Dans l’éteinte banlieue aux galaxies sans nom
Du monde productif dans lequel nous vivons.

Ce monde, nous pensions petits qu’ils maîtrisaient
Mais ils le subissaient…comme nous désormais !
Valeurs au flottement, oui, généralisé,
Les voici à nos yeux bien démonétisés.

Et lancinante alors est la rage dedans
Qu'à grand-peine apaisent les dimanches émollients.