lundi 24 novembre 2014

Diversification


Depuis que les Hommes ont quitté le paradis,
Qu’ils se retrouvent las, tout au fond d’un noir puits
Des vers en leur tête errent comme dans un fruit.

Oui, cette humanité qui flirte avec l’abîme,
Ne trouva pas de voie meilleure que la rime
Pour mieux se lamenter et crier à ses dieux,
Larmoyante, pourquoi êtes-vous si odieux !?



De l’intérieur depuis, ces vers pour solitaires
Rongent et travaillent beaucoup d’imaginaires.

L’Alexandrin-[le-grand !] ainsi conquît le monde
Juste avec douze pieds attroupés à la ronde !
L’hémistiche colle une postiche à deux vers,
Les blanches césures en révèlent les fêlures !
La douce assonance et les allitérations
Rentrent en résonance et exaspèrent les sons !
La diérèse ajoute une syllabe en métrique
Comme fait le dièse pour le ton en musique !
Et les enjambements sont un passage à gué
Qui permet de sauter d’un vers l’autre à son gré !

Tout ce monde coule en la pointe des stylos,
Elles qui, en montant vers leur première ligne
Brisent en un grand éclat ces lignes Maginot 
Qui sans cesse encerclent l'imaginaire insigne. 

lundi 17 novembre 2014

Confronté aux frontières


Même si les frontières
Dit-on sont dépassées,
Passer une frontière
Résultant du passé
Nourrit l’imaginaire,
Instant particulier.

Tous les sens aux aguets
Au passage du gué
On veut apercevoir,
Oui, on s’attend à voir,
Pourquoi donc son tracé
Est là, pas à côté ?

Pourquoi, entre Nations
Êtres en démarcation ?
Si vérité en deçà
Est mensonge au-delà ?

Mais pourtant, rien n’arrive !
Quand même l’autre rive
Semble toute aussi grise…
Tout s’homogéinise !

Ni visas à viser
Ni visus avisées,
Ni gardes, ni barrières,
Plus de « Halte ! » altières.

Plus rien à déclarer
Aux sévères douaniers,
Plus d’odes à déclamer
Comme aimait l’Empereur !

Plus de contes hantés
De terres convoitées
Et disparue la peur
De l’illégalité !

L’esprit se dé-douane alors
Et s’exonère notre corps
Grâce à l’achat d’alcools rances
Et au plein qu’on y fait d’essence.

Car seule la fiscalité
Est d’elles ce qui est resté.
C’est la dernière référence

Des frontières et des différences.

mardi 11 novembre 2014

(P)Rose du désert


Une vie semblable aux lignes en traits pointillés,
Allant de grands vides où l’envie s’en est allée
Aux instants intenses où tu débordes de force,
Épousant la forme que prend le code Morse.



Quand les alizés d’hier, qui gonflaient ta voile
Et loin te transportaient, soudain mettent les voiles,
Te laissant assoiffé et privé d’eau potable,
Coi et prostré,  Homme en attente interminable,
Seul, à ronger ton frein sans voir ni port, ni but
Et le cuir même au frein, comme atteint du scorbut.


Pareil à cette rose en le désert aride
Qui du beau temps lasse, prie la pluie, même acide !
Et dans l’intervalle n’a guère d’existence,
Offrant le spectacle de son intermittence. 



mardi 4 novembre 2014

Premières Chaînes


Leurs aiguilles orientées toutes vers un seul pôle,
Je vois les antennes identiques à des boussoles
Qui indiquent à nos yeux le grand Nord médiatique,
Captant par les voies d’air l’invisible trafic.

Aux cotés sur nos toits des noires cheminées,
Sur leurs arêtes échouent des ondes acheminées
Et leurs grilles tremblent de frissons magnétiques
Dans l’instant transmutés en pulsions électriques. 

Des feux de Saint-Elme éclairent de nuit ces mâts,
Soumettant nos foyers à l’ardent audimat.

Là, les téléviseurs, ces précepteurs de fer,
Sans cesse ressassent ce qu’il est bon de faire,
Annonciateurs du temps des cerveaux disponibles
Où seront nos cerveaux rendus indisponibles.


Tant la loi des séries, ce crash continuel,
Forge jour après jour notre idée du réel,
Plongeant dans le sommeil la vive intelligence
Cependant fascinée, toujours, par l'indigence.