lundi 25 avril 2016

Retour à Point de Départ


Sur quatre ou sur deux roues, tracté par un moteur,
J’ai parcouru cinq fois le tour de l'équateur.
Mais pourtant, bien loin d'avoir fait le tour du monde
C'est autour de Paris que j'ai fait une ronde !

Plaqué comme du linge dans une essoreuse,
La ville m’a saisi ! Par la Force des choses !
Inexorablement ramenant vers son Centre
Les êtres que tente une attirante tangente
Et bien plus puissante que celle centrifuge,
Elle a annihilé mes vagues envies de fugue,

Ainsi, du Grand Monde, ces cercles concentriques
M'ont laissé la vision fausse et périphérique
Et de son quotidien, mes cent circonférences
Ne m’ont donné qu’une lointaine connaissance.

C'est un fait que certains s'en vont braver la mort
Alors qu'au grand jamais je n'ai quitté le port !
Parce que, loin d'être un courageux Magellan,
Je n'eus que d’ombrageux et trop sages élans.



lundi 18 avril 2016

La Vie [droit] Devant Soi


Je les vois jeunes encore et bien portants
Mais certaines fois pourtant je m’étonne
Que la vie droit devant eux traversant,
De si peu de choses déjà ils s’étonnent.

Aveugles à ce qui s’offre à leurs côtés
Jamais ils ne s’émerveillent sans peur
Ni ne s’autorisent des à-côtés
Et rien ne vient réveiller leur torpeur.

La vie, ils la parcourent comme un songe,
Décor de western propice aux mensonges
Qu’ils aperçoivent à travers leurs œillères
En de rapides œillades buissonnières.

Leur route est tracée sur un parchemin,
Celle même où droits sur leur droit chemin
Confortables, ils sont calés dans l’ornière

Qui les guide à la seconde dernière.

lundi 11 avril 2016

Géo-Maîtrise


Le monde moderne est celui des lignes droites.

Bâties par l’Homme, travail de fourmi,
Les routes éventrent le vert ondoyant
Qu’elles outrepassent avec force et mépris, 
Se riant des courbes et cours d’eau riants !

Le monde moderne est celui des lignes droites.

Avec leur implacable quadrillage
Ces lignes opèrent un remembrement
Des molles et lentes sinuosités,
Courbures de l’espace nées du temps
Qui condamnées ne sont plus usitées,
Striant l'héritage de leur placage.

Le monde moderne est celui des lignes droites.

Jusqu’en nos cieux, les traînées des avions
Crèvent les nuages aux formes bizarres
Et de nuit leurs feux sont constellations
Qui redessinent la Voûte au hasard.

Jusqu’au cœur même des forêts profondes
D’inattendus alignements rappellent
Que la main de l’Homme est toujours féconde
Qui géo-maîtrise le végétal.

Le monde moderne est celui des lignes droites

Directement issues, en droite ligne
Du dur Manifeste des Futuristes,
De vitesses avides du rectiligne,
Des communications, du haut débit
Elles offrent au regard des lignes de fuite
Et le sont pour ceux qui sur elles fuient.

Le monde moderne est celui des lignes droites

Mais pourtant la Terre est toujours ronde !
Faudra-t-il l’aplatir comme limande
Et qu’enfin se touchent ses antipodes 

Pour accélérer nos vies en ce monde ?

lundi 4 avril 2016

Club Méduse


Pareil aux méduses, au hasard qui musardent,
Sans volonté je vais, et j’avance en voguant
Au gré de tous courants, de pensée et de mode,
Tel un quelconque sac caressé du ressac.

Les gens m’évitent, de peur que je ne les brûle ?
Réminiscence de la mythique ascendance,
Nul ne traitant Méduse avec condescendance
De peur d’être pétrifiés par mes tentacules ?

Comme elles sans cerveau, j’aime à me laisser faire !
Identique aux flaques, si flasque et sans histoire,
On peut imaginer qu’en moi l’on peut tout voir.

Mais si de ce vide mes semblables médisent,
Ne pas penser n’est-il pas utile aux méduses

Qui malgré leur forme filaire prolifèrent ?