lundi 27 mars 2017

L’Espace du Possible


La ligne d’horizon reste notre horizon.
Car vois-tu, rouge sang, ou bien bleu horizon
Cet écrin des combats, cet enclos des passions
Est vers l’Illimité ligne en démarcation.

Sous une atmosphère de pression, tout en bas
Nous sommes au sol cloués, comme un Tel sur sa croix,
Croix que l’on porte au dos, insigne gravité
Des choses, nous ôtant toute légèreté.

Mais de nuit elle laisse entrevoir les étoiles,
Astres munificents de folle magnitude !
Si fort, que l’on voudrait mettre vers eux les voiles.

Dès lors, pour ce plafond de verre éprouve l’Homme
Ce syndrome connu, mélangeant gratitude

Et vif ressentiment, que l’on dit de Stockholm.


lundi 20 mars 2017

Game Over !


Jeune, la vie m'était, dans les jeux vidéo,
De loin  préférable aux jeux triviaux du préau,
Sans cesse en mouvement, sorte de rodéo,
Je la brûlais, virtuelle et sans idéaux !

Certes, il arrivait bien de menus avatars
À mon double et jumeau numérique avatar  
Mais le millier de vies dont je bénéficiais
Me permettait au début de recommencer.

Mes blessures à l'écran cicatrisaient sans mal
Et tout se résumait à un score total
Car mes globules étaient faits de uns et zéros
Puis la fin me voyait vaincu, ou bien héros.

Dans les riches décors je me mouvais au rythme
Des alternatives, au gré des algorithmes
Et tout à merveille répondait au levier
Que fort fiévreusement mes deux mains empoignaient.

Dans ce monde recréé par un seul logiciel
Que ce qui m'arrivait était bien programmé !
Et que de sensations fortes de Liberté

Même si elle fut juste conditionnelle !


lundi 13 mars 2017

La Vie [Droit] Devant Soi


Je les vois jeunes encore et bien portants
Mais certaines fois pourtant je m’étonne
Que la vie droit devant eux traversant,
De si peu de choses déjà ils s’étonnent.

Aveugles à ce qui s’offre à leurs côtés,
Jamais ils ne s’émerveillent sans peur
Ni ne s’autorisent des à-côtés
Et rien ne vient réveiller leur torpeur.

La vie, ils la parcourent comme un songe,
Décor de western propice aux mensonges
Aperçu au travers de leurs œillères
En de rapides œillades buissonnières.

Leur route est tracée sur un parchemin,
Celle où, droits ils sont sur leur droit chemin,
Confortablement calés dans l’ornière

Qui les guide à la seconde dernière.


lundi 6 mars 2017

Électriques Cités


Coulent les électrons, tout comme l’eau,
De source électrique dans le réseau,
Plus ou moins, entre les puissants dipôles,
S’en allant nourrir la mégalopole.

Futiles ils lutinent, tels des abeilles
Sans que nul guère ne s’en émerveille,
Bougeant au gré des recombinaisons,
Sans bruit, juste en subtile vibration.

À distance ils créent un champ magnétique
Qui tourne autour des câbles électriques,
Auréoles en l’air que l'on cherche en vain
Semblables à celles de nos saints chrétiens.

Les câbles, qu’ils traversent au pas de charge,
En leur milieu ploient sous les lourdes charges,
Tenus au bout par de grands bras de fer,
Comme ces traînes que les mariées serrent.

Raides, ces pylônes, avec élégance,
Les supportent dans tous les champs de France,
Striant le vert de leur ligne filiforme
Tandis qu’à leur pied pousse une herbe informe.

Leur réseau se dirige vers le Centre
Et, vus de dessus, ils pourraient bien être
Tels des rayons, radiants et métalliques
De nos radieuses cités magnétiques.

Ces villes qui attirent, nuit et jour,
Parce que, constamment, depuis toujours,
Identiques, oui, à un énorme aimant,

L’Homme s’y sent libre, énormément.