lundi 18 janvier 2016

La chute des corps


En modernes et lâches Galilée
Ils regardent un homme tomber,
Lui qui se lâche seul dans le vide,
Friands de l’expérience, avides.

Surs de leur droit ils sont à leur guise,
Dos bien dressé sur leur Tour de Pise.
Ils daignent que leur regard se penche
Sur cet homme, mais sans qu’il s’épanche.

Car depuis toujours, en tous pays,
Vis-à-vis des pauv’types incompris
La loi d’attraction universelle 
Est une attraction universelle !

Lui donc, que chagrinait l’uniforme
Accélère-t-il bien uniforme ?
Et Voyons comment croît la vitesse
De cet homme, en tout délicatesse ?

Lui, maigre poids-plume de toujours
Aux semelles de plomb de l’amour,
Lesté de cents dépits, cette enclume,
Tombe-t-il aussi vite que plume ?

Spéculent sur le bruit de sa chute,
Le cri mat de son corps qui percute
Et du trou que creusera en terre
Lui qu’à bonne distance ils enterrent ?

En modernes et lâches Galilée
Ils aperçurent un homme tomber,
Lui qui se lâcha seul pour tout lâcher,

Repus de l’expérience, et légers.