lundi 27 octobre 2014

Les ventres de Paris

Comme un énorme anneau gastrique
Le boulevard périphérique
Cette grise circonférence,
Coupe le ventre de Lutèce,
Si célèbre nombril du monde,
Des petites ceintures rondes.

Les bretelles soutiennent au centre,
Des bourgeois aisés le gros ventre,
Estomaqués, raideur du geste,
Pour qui il y a eux, et le reste,
En proie à d’indigestes peurs
Et au « Mais que fait la police !? »

Au-delà, les malfamées meutes
Affamées et promptes aux émeutes
Leur crient « Pourquoi tant d’injustices !? »
Quand même un Jack l’éventreur
N’attaquait que de faméliques
Ouvrières aux faubourgs étiques.

Comme l’huile avec le vinaigre,
Ces deux mondes aux contacts si maigres
Qui restent dans leur bulle enclos
Sans se mélanger…Agglomèrent.

Et au quotidien, sans manières
Se déverse en plein centre un flot
Qu’engloutit le glouton goudron
En éternelle congestion,
Lent organe de digestion
Bouché et en constipation.

Les dépassements, les zigzags
Dégagent de gazolés gaz
Qui créent d’intestines colères
Alimentant bien des ulcères.

Cependant qu’en le sens inverse
Paris décharge la dépouille
De ses ripailles sans pareil

En sa rouge banlieue…d’aisance.


lundi 20 octobre 2014

Sur la route des mêmes fils

Tendue par l'arc électrique,
Comme une flèche en sa pique

Circule l'Information.

Dans des câbles en polymère,
Va l'onde en paquets [de mer ?]

Furtifs par où l'info fuit.



Déroutée par les routeurs
Complexes en multiplexeurs

Qui aiguillent sa diffusion.

Vitesse de ses lumières,
Qui fuse sur les horaires

Et se moque de nos nuits.


lundi 13 octobre 2014

Ecran d'arrêt


Commencée, m’a-t-on dit, par être échographiée
[Vague écho de la vie dans le noir utérin],
La vie s’achèvera au scanner irradiée
[Vague forme de mort dans le noir de nos reins].



Entre eux passée face à ces écrans-platitudes
De la télévision ou de l’ordinateur,
Ou ceux des portables qui donnent une attitude
Et plus étreints qu’éteints, placés contre le cœur.



Et après ? Après, oui, au-delà du néant ?
Lorsque dans nos cerveaux s’éteindra le programme
Il ne restera que blanche neige, d’écran,
Signe définitif d’un audimatogramme…

Plat.



lundi 6 octobre 2014

Voir Naples....et sourire

Sont-ce les immeubles qui collent à ses collines
Ou Naples est-elle faite des murs qui culminent ?
D’autres casemates peuplent son cimetière
Car pour les morts aussi la place est rare et chère.



Montagnes de déchets dans ses augustes rues
Qui sont d’autres reliefs, mais ceux de l’abondance,
Juste à côté desquels, insouciant le flot passe
De jeunes hommes rieurs aux vêtements très classes.

La ville est assise au pied du grondant Vésuve,
Étouffante et dense comme une énorme étuve
Et de jour et de nuit l’éruption continue.

Oripeaux de linge qu’on accroche aux fenêtres,
Ces éphémères arches entre immeubles, et êtres,
Qui pendent aux façades, tels les étranges lianes
De cette jungle-ci, pénétrante et urbaine.



La Naples anarchique en vitesse vit sans freins
Sans lasser de laisser tous nos sens interdits.
Mis à terre les panneaux de sens interdits !
Seuls les stridents klaxons y font fonction de freins.



Mer qu’on ne voit que peu, même de tout en haut
Car Naples étonnement, oui, lui tourne le dos,
Belle indifférence à la beauté du Golfe
Comme s’il n’y avait autour guère de golfe.



Son port du bout du bout du vaste monde
Qui jamais ne s’arrête une seconde
Est relié à de fort lointaines chines
Où des trafics, nous dit-on, se machinent
Grace à ces innombrables containers
Qui débarqués, disparaissent dans l’air.



Nonchalamment, d’élégants policiers
Marchent le long des quais dans les quartiers
Où s’achète la vraie contrefaçon,
Ne s’en souciant en aucune façon.

Là, lisant le journal, un immigré récent
S’inquiète de la chute du gouvernement,
Il est bien le seul !

La ville est entourée d’immeubles en déshérence
Où fort hasardeuses s’avèrent les errances.
Dans les viles banlieues de cette ville honnie
Même Christ ne s’arrêta pas en l’éboulis.

Mais à Noël Naples est de crèches illuminée,
Pareilles à nos rêves d’enfant enluminés
Parmi les jeux cruels, loin des contes de fée !     



Tant et si bien qu’à notre retour, Rome
Nous paraît aussi calme et économe
Que Berlin,

C’est dire.