lundi 29 février 2016

Lignes de Vue, Lignes de Vie


De loin, lorsque tu regardes un tableau
L’essentiel peut-être n’est pas dans le cadre,
Quand bien même il est doré, voire beau
Qui délimite cette œuvre, même insigne.

Mais aussi dans les lignes de fuite, jolies,
Invisibles, qui au-delà du cadre convergent
Et la perspective qu’elles découvrent,
Qu’elle soit géométrique ou bien cavalière.

Et vois-tu, à cela sont semblables nos vies
Où l’essentiel peut-être n’est pas dans le cadre,
Quand bien même il est doré, voire beau
Qui délimite notre œuvre, même insigne.

Mais aussi dans les lignes de fuite, jolies,
Invisibles, qui jusqu’en l’au-delà convergent
Et les perspectives de vie qu’elles ouvrent,
Quand bien même elles ne sont que cavalières.

Lignes qui offrent parfois la surprise, le signe,

Avec des êtres autres, d’une convergence.

lundi 22 février 2016

Transports Amoureux


Parfois le train, en glissant sur ses rails
En rattrape un autre en tout point pareil.
Dans le vacarme, avançant de concert,
Les rames s'écartent puis se resserrent,
Langoureusement d'un coup se collant,
Pour s'éloigner, définitivement.

Alors, elles lancent un cri strident
Lorsqu'elles n'ont plus la même vitesse
Ou qu'entre elles un obstacle se dresse.

Ces deux trains s'acheminent identiques
A notre vie de couple chaotique.
Tous deux en parallèle convolâmes,
Le long de belles années cheminâmes,
Avant qu’un jour, impuissants l'on ne voie
Pour toujours s’écarter nos deux convois.

Pourtant, sans agir nous laissâmes choir
Pour ne pas qu’arrive la date butoir
Où l’amour eut fini dans un heurtoir.

Puis, chemin [de fer] faisant, je vis l'Autre !
Qui m’eût dit qu'un train en cachait un autre ?
Et voici que s'ouvre la perspective
D’être happé par cet amour, belle esquive !
Et d’aiguiller avec entrain et zèle
Sur cette ligne de fuite nouvelle.

Depuis cet instant l'espoir me motive,

Moteur de la vie, et locomotive.

lundi 15 février 2016

Les Toits et Moi


En sa contre plongée sur les toits de Paris
Le regard embrasse d’incongrus paradis,
Tout proches et pourtant loin des perspectives planes
Des façades hautement policées de Haussmann,
Faubourgs sédimentés au long des siècles enfuis,
Qui ont poussé sans plan, en totale anarchie.

Dedans les reculées et sombres arrière-cours
De ce royaume indu, où seul le zinc a cours
La vie passe, indifférente aux bruits assourdis
Que la ville alentour en fond sonore ourdit.

Plus haut, sans vis-à-vis la vie est invisible !
Comme uniques arbres, des antennes ostensibles
Et s’y éparpille le ciel dans tous les coins
Lorsqu’il se reflète dans les lucarnes au loin.

Au lever du soleil, tout comme à son coucher,
La pointe de ces Monts [de fer]-Blanc intouchés
Se teinte d’un rose très doux et sans épines,
Furtive floraison qui si vite décline.

On y imagine intrépide, un Belmondo
Qui court sur les nus-toits et glisse après sa cible,
Au vertige rendu par la course insensible…

Ou bien…un poète oublié sous les rideaux,
Caressant ce chat noir langoureux qui minaude

Et d’une fenêtre l’autre se baguenaude.

lundi 8 février 2016

Les Champs Economiques


Le damier des champs, vu des hauteurs,
Cet Arc-En-Terre tout en couleurs,
Jadis voyait sa coloration
Suivre le changement des saisons.

Mais aujourd’hui il fluctue au rythme
Qu’un tel décide par algorithme,
Le rythme du cours des subventions
Ou des soutiens à l’exportation.

Cours qui poussent, envers et contre tout
À épargner ce bosquet debout,
À renforcer cet effet de serres
Qui recouvre les champs de verrières.

À planter blé jaune ou maïs vert
[Voraces cultures fourragères !]
Ou laisser ce champ-ci en jachère
[Alors que la denrée est si chère !].

La nature, plus que des saisons,
Dépend, oui, des taux de subvention
Car notre Raison a ses raisons
Aveugles aux saisons...dure oraison !



lundi 1 février 2016

Rouge à Rêves


Je suis le Père Noël
Du comité du personnel,
Je joue ce jeu pour la joie
Et l’esprit collectifs.
De loin on m’aperçoit
Avec ma boule de tifs.

D’habitude dans cette usine
Je bosse dans les cuisines
Mais quand j’prends mon rouge à rêves,
Mon air bonhomme et mièvre,
Alors, durant ce boulot d’un jour
On m’voit sous un nouveau jour.

Sous les jaunes projecteurs
Je suis le rouge protecteur !
J’éparpille des papillotes
Prises la main dans le sac.
Avec sur le dos cette hotte
Qui me cache, guère de trac !

Les tout-petits encore y croient,
Les plus grands, déjà rebelles,
Avec attention me dévisagent
Et tirent ma barbe à papa Noël.
D’autres, qui ont passé l’âge,
Me renvoient un air narquois.

Je reçois des commandes
Et je fais des réprimandes
À ceux qui ne furent pas sages.
Je fais de belles promesses
Qui jamais ne m’engagent
À de petites princesses.

À travers mes gros sourcils
Je devine de jolies mères
Aux fines formes graciles
Et aux yeux de Chimère.
Pour elles ardemment je brûle
De passer par la cheminée
Afin de m’offrir en cadeau,
Enrubanné et enturbanné.

C’est pourquoi quand j’enlève mon déguisement
Je me sens vide, en cellule de dégrisement.

Car pour moi qui étais le Père Noël,
C’est le dur moment où je perds Noël…
Pour revenir à mon existence banale,

Pour revenir à mon existence bancale.