lundi 28 avril 2014

Retour à point de départ



Sur quatre ou sur deux roues tractées par un moteur
J'ai parcouru six fois le tour de l'équateur
Mais pourtant, loin d'avoir fait le tour de ce monde
C'est autour de Paris que j'ai fait cette ronde !

Volontairement pris de piètre cécité
J’ai négligé l’Ailleurs dans sa diversité,
Plaqué comme un linge dans la lessiveuse
Des villes et retenu par la Force des Choses.

Force annihilante aux velléités de fugue,
Beaucoup plus puissante que celle centrifuge,
Inexorablement qui ramène en son Centre
Les êtres que tente une attirante tangente.

Et ainsi du monde ces cercles concentriques
N'ont laissé que vision fausse et Périphérique.
Oui, de son quotidien mes cent circonférences
N'ont rendu qu'étriquée et vague connaissance.

C'est un fait que certains s'en vont braver la mort
Alors qu'au grand jamais je n'ai passé un port !
Parce que, loin d'être un courageux Magellan,
Je n'ai eu qu'ombrageux…et trop sages élans.

mardi 22 avril 2014

Basses eaux



Ici, là où finissent les falaises
Tout à coup commence l’ensablement.

 

Aérienne, il y a peu seulement
Notre démarche s’enlise et s’empèse
Tandis que nos pas sont pris dans la glaise.

De manière rien moins que subreptice
Se comblent la faille, le précipice.
Devant nos yeux l’horizon se referme
Alors que nous quittons les terres fermes.





Passées les hautes murailles d’albâtre
Nous cheminons à travers l’eau saumâtre
Qui nous envase en ses sables mouvants,
Là où le sol se dérobe et vous ment.

 















Suivant le rythme des quartiers de lune,
Maternels, les bras de mer sinueux
Nous encerclent à distance, insidieux,
Peut-être bien pour nous garder contre eux ?

 




 







Où est la ligne des eaux, et les dunes ?

Nos regards ne voient que lignes de fuite,
Derrière et devant : où est la limite ?





 





lundi 7 avril 2014

La grande échelle


Que d’échelles en couple nous avons pu grimper !

Sur l’échelle à Richter, les pieds ancrés sur Terre
Avec en tête, oui, des pensées terre à terre
Nos corps se sont épris, oh, séisme et secousses !
Sans que nul n'accoure, vole à notre rescousse,
Pris dans le soubresaut des forces telluriques
Puis tombant comme morts et privés de réplique.

Sur celle de Beaufort, sans faire aucun effort
Le vent nous emporta au levant loin du port
Et la caresse au doux zéphyr de tout à l’heure
Qui faisait frissonner le voile à ta pudeur
Au large se changea en un grondant ouragan
Lorsqu’avec moi, tu cessas de prendre des gants.

Sur celle à Fahrenheit, d’abord légère fièvre
La température fusant des effusions
Par degrés remonta jusqu’au point de fusion,
Au centre de l’âtre où ce qui brûle délivre.

Sur celle de Pascal des gravités terrestres
Nous pûmes compenser les pressions si funestes
Enfin débarrassés ! de la colonne d’air
Dont le poids écrasait nos épaules précaires.

Sur ces échelles au lit nous pûmes appareiller
Pour quitter Terre, embarqués sur l’oreiller.