lundi 30 décembre 2013

De tant...en temps


[De temps forts En temps morts]

[De bras de mère En bras de mer]

[De bras forts En bras morts]

[D’envies fortes En vie morte]

[De sens uniques En sens unique]

[De feux affolés En feux follets]

[D’autant en emporte le vent En autant importe le temps]

[De voies rêvées En voix fêlée]

[D’aimées sollicitudes En glacée solitude]

[De moments qui comptent En instants qu’on compte]

[De passages avides En passages à vide]

[D’avenirs radieux En avenir d’adieux]

[D'avant-guerres En vents de naguère]

[D’aspiration à l’existence En assignation à résidence]

[De portes ouvertes En torts ou pertes]

[D’amours secrets En amours regrets]

[De soleils fous En sommeils flous]

[D’envolées solidaires En lovées solitaires]...
















Certains espéraient du nouveau
D’autres attendaient une fin,
Tous nous croyions en quelque chose.

lundi 23 décembre 2013

Rouge à rêves

Je suis le père Noël
Du comité du personnel,
Je joue le jeu pour la joie
Et l’esprit collectif.
De loin on m’aperçoit
Avec ma boule de tifs.














Prière…de ne pas rire !
D’habitude dans cette usine
Je bosse dans les cuisines
Mais avec tout ce rouge à rêves
Sur moi pour ce boulot d’un jour
On me voit sous un nouveau jour.

Sous les jaunes projecteurs
Je suis le rouge protecteur !
J’éparpille des papillotes
Prises ma main dans le sac
Avec sur le dos cette hotte
Qui me cache, guère de trac.

Les tout-petits encore y croient,
Les plus grands, déjà rebelles
Avec attention me dévisagent
Et tirent ma barbe à papa Noël.
Les autres, qui ont passé l’âge
Me renvoient un air narquois.

Je reçois des commandes
Et je fais des réprimandes
À ceux qui ne furent pas sages.
Je fais de belles promesses
Qui jamais ne m’engagent
À de petites princesses.


















À travers mes gros sourcils
Je devine de jolies mères
Aux fines formes graciles
Et aux yeux de Chimère.
Pour elles ardemment je brûle
De passer par la cheminée
Afin de m’offrir en cadeau,
Enrubanné et enturbanné.

Voilà pourquoi quand j’enlèverai mon déguisement
Je me sentirai vide, comme en cellule de dégrisement.

Car pour moi qui étais le Père Noël,
C’est le moment…où je perds Noël…
Pour revenir à mon existence banale,
Pour revenir à mon existence bancale.



lundi 16 décembre 2013

La loi du grand nombre




Le monde est parcouru en bagages
Élégamment montés sur roulettes,
Glissant sur le bitume, bien sages
Sans heurt, et comme sur des roulettes.

Terrassés les chemins malaisés
Car les roues n’aiment pas le gravier,
Disparus les sacs improvisés
Oui, place aux seuls sentiers valisés !

Finie donc, l’aventure au hasard
Et à la roulette décidée,
L’Imprévu qui mène nulle part,
Les routes entreprises au sort des dés.

Terre que quadrille le gépéesse,
Où dans le flou plus rien on ne laisse,
Quand même jusqu’aux vaches épaisses
Montrent le Nord dit-on, quand elles paissent !

lundi 9 décembre 2013

Transports amoureux



Parfois mon train, en glissant sur ses rails
En rattrape un autre en tout point pareil.

Dans le vacarme, avançant de concert
Leurs rames s'écartent puis se resserrent,
Dangereusement d'un coup se collant,
Pour s'éloigner définitivement.

Alors, elles lancent un cri strident
Lorsqu'elles n'ont plus la même vitesse
Ou qu'entre elles un obstacle se dresse.

Ces deux trains s'acheminent identiques
Aux soubresauts autrefois cahotiques
De notre vie de couple, chaotique :

Tous deux en parallèle convolâmes,
Le long des belles années cheminâmes
Avant qu'en vain, impuissants l'on ne voie
Pour toujours s’écarter nos deux convois.

Pourtant, sans agir nous laissâmes choir
Pour ne pas qu'un jour la date butoir
N'arrive où, sans même crier gare
Notre histoire eut fini dans le heurtoir.

Puis chemin [de fer] faisant je vis l'Autre !
Qui m’eût dit qu'un train en cachait un autre ?

Et voici que s'ouvre La perspective
D’être happé par cet amour, belle esquive !
Et d’aiguiller avec entrain et zèle
Sur sa ligne de fuite aux yeux nouvelle.

Depuis cet instant l'espoir me motive,
Moteur de ma vie, et locomotive.