mercredi 9 novembre 2016

Immigrés en Destin


Tous les jours, ces vieux immigrés sont en place
Qui forment des groupes épars sur la place,
Echangent un mot de temps en temps,
Le sourire aux lèvres toujours présent.
  
Ils sont venus construire nos grands ensembles
Où en masse on les a parqués ensemble,
Qui firent la fierté de la nation
Oui, symboles un temps de modernisation.

Que d'autres aujourd'hui cassent à la masse
Pour mieux faire table rase, en leurs décombres
D’un passé colonial qui les encombre,
De problèmes sociaux qui les dépassent.

Et même si leur banlieue est laide
Jamais ils ne retourneront au bled
Et c’est sans doute mieux car là-bas
Le pays a changé à tout-va,
S'y rendre les a dérangés,
Ils s'y sont sentis étrangers !

Et puis c’est ici que grandissent leurs petits-enfants
Dont ils ne veulent plus perdre un seul instant,
Rattraper l’âge où abrutis d'épuisement
Jamais pour leurs fils ils n’étaient présents.

Ces jeunes dont ils ne comprenaient pas la violence,
Eux qui avaient tout accepté en silence,
Désespérés par eux, ne sachant être pères,
Désemparés ici, privés de tout repère.

Mais aujourd'hui c’est du passé,
Ce qui arriva devait arriver
Et il s’ébat le ballet des bus
Autour d'eux, figés dans leur rictus,
Immobiles comme des points fixes,
En paroles, hommes peu prolixes.

Qui étaient venus construire nos grands ensembles
Où en masse ils étaient parqués ensemble,
Qui faisaient la fierté de toute la nation

Oui, symboles un temps de modernisation.