mardi 28 juillet 2015

La Nature Humaine

Je suis cet arbre au beau milieu
Du Périphérique crieur
Condamné à vivre en ce non-lieu,
Entre intérieur et extérieur.

Arbre d'alignement par mes branches
J'agremente vos bandes blanches,
Vos glissières de sécurité
En totale insécurité.

De vous qui repassez sans me voir,
Sans même me lancer un regard,
Je n'attends plus que l'on s'émeuve,
Le flot des voitures vaut celui d'un fleuve!

Oui, partout poussé la nature,
Dans les franges,les échancrures,
C'est elle qui recouvre vos champs....
De bataille....avec le temps.

Poussée par la force irrésistible,
La force vitale invisible
Qu'elle ne comprend pas elle-même
Et que nous ne comprenons pas même !

Je suis cet arbre au beau milieu
Du Périphérique crieur,
Condamné à vivre en ce non-lieu,
Entre intérieur et extérieur !

lundi 20 juillet 2015

Mes Songes d'une Nuit d'Eté

Le ciel clair de nos nuits d’été mélancoliques
M’évoque l'épique, m’évoque d’autres époques.



Face à lui, effrayé, présage d’un désastre ?
L'homme des Cavernes voyait ces mêmes astres,
De vertige saisi par leur danse immuable,
Par eux rendu conscient d’un Immense impalpable.



Ces amas constellés, Ptolémée les sondait,
Âmes-lumières ailées par ses noms fécondées,
Squelettes aux chimères, silhouettes de dieux nus
Qui semblent de nos jours tout à fait incongrus.

Étoiles que Colomb pria d'une supplique,
Sans retour s'en allant dans le grand Atlantique,
Se reprochant sa folie et scrutant dans l'éther
Un signe annonciateur ? de la promise terre.



Ce ciel clair d’aujourd'hui, les douces nuits d’étais
M'est un lieu que la vie n'a pas désenchanté,
Semblable aux figures dans mes livres d’enfant,
Témoin d’anciennes peurs, ou d'émerveillements.



Seul endroit que l’Homme n’ait pas pu concasser,
Trait d’union pour nos yeux d'avec notre passé
Ces étoiles encore surbrillent dans la nuit,

Ces étoiles encore, oui, brillent dans l'ennui.

mardi 14 juillet 2015

Dans la Marge






 




Je suis le marginal.

Je vis là où se finit votre ville,
Dans son piémont de murs, artificiel,
Au pied de vos immeubles, à l’air si sûr,
Là où l’Homme redevient la mesure.

Où se dissout dans l’anarchie totale,
Envers du décor, revers de médaille,
L’illusion de la maîtrise esthétique
Que donnent vos perspectives historiques.

Maîtrise du temps et de la nature
Dont Ils se glorifient, qui les rassure,
Tant l’air de la ville qui les rend libres,
Tant l’air de la ville les rendît ivres !

Ici va s’achevant la métropole lisse,
Cette orgueilleuse et si fière Métropolis.

Entrepôts car il vous faut bien manger,
Affiches car il faut bien consommer,
Routes et rails car il faut bien s’évader,
Cités-dortoirs car il faut bien dormir,
Cimetières car il faut bien mourir !

Le beau est mort et la mort même est fonctionnelle 
Et il n’y a plus guère que les grandes grues, elles
Qui tout au loin, libres !, donnent le sens du vent
Ou bien les fumées des usines en s’élevant.

Sur le grand cahier dans la marge
De cette ville où tout est cris,
De cette ville où tout s’écrit,
Je crie ce texte de la marge.


mardi 7 juillet 2015

Les Anticipations rationnelles du Tour de France


Au-delà de l'épate et la télé,
Lors d'une étape, les hommes échappés
Comme s’ils étaient pris dans une nasse
Se retrouvent en l'Équilibre de Nash.
Ils vivent en direct, ces évadés
Le cruel Dilemme du Prisonnier.
Car de ces coureurs le commun espoir
De pouvoir se disputer la victoire
Est de creuser encor l’écart qui fond,
Fait d'avec le peloton, d'exécution.
Dont ils rompirent les rangs tout à l'heure
Et qui poursuit leur groupe à toute allure
En les tenant d’une laisse invisible,
Inoffensifs, à la distance cible.
Où chaque échappé, pour mieux respirer
Vampirise la roue de l’équipier
Qu'il suce, pour jouir de l'aspiration,
N’allant pas devant sans compensation.
Se disant qu'un autre, un parvenu,
En profiterait, la ligne venue
Pour lui voler froidement la victoire
Et s'envoler chaudement vers la gloire.
Ainsi, pour gagner la lutte finale
Chaque échappé ménage sa pédale,
Nul ne souhaitant travailler pour l'honneur
Et passer à côté du grand bonheur.
Et fond leur écart de façon sensible
Car ensemble tout devient impossible !
Et voici pourquoi tous passent à la trappe,
Non parce que le peloton les rattrape
Mais du fait d’avoir trop anticipé
La victoire et la ligne d'arrivée.
……………………………………………
Comme morale à cette fable pour sportifs
S'entrevoit rien de moins que le monde actuel
Où libéré, l'intérêt individuel
N'entraîne pas toujours le Bonheur collectif.
Au sein duquel certains, mus par l'avidité
Ne s'estiment aucun dû envers la Société,
Aveuglés par l'orgueil, sans voir plus loin, disons…

Que le bout racorni de leur maigre guidon !