lundi 4 janvier 2016

Hôtes-Trahisons


On n’est jamais si bien trahi…
Que par soi-même.

Quand ce corps, autrefois objet de tant d’égards,
Se souvenant même d'amoureux, oui, regards,
Que plie le poids des os, va se désassemblant,
Chaque jour s’affaissant, en rien nous ressemblant.

Quand dressent d’un coup des cellules profilaires
Le drapeau noir de l’anarchie qui prolifère,
Que ces veules tumeurs, engeance oedémienne,
Veulent tuer le père, ô vengeance œdipienne !

Lorsque nos neurones même, la partie noble !
S’en vont par millions, gaz en fuite indécelable,
Laissant l’esprit en dérive et sans souvenirs,
Homme boat-people sans passé, sans avenir.

Quand la mécanique jadis fluide se rouille
Et que se craquelle l’initiale coquille,
Que ne se meuvent plus sans vraie calamité
Les articulations, rouages encalminés.

Quand il y a prescription, médicamenteuse
Suivie par conviction qu’on sait pourtant menteuse,
Que l’on aban-donne entier son corps à la science
Pour apaiser un temps encore sa conscience.

Sans parler de la trahison des convictions
Quand retournée, la veste chargée d’ornements,
A l’époque ajustée comme un caméléon
Et à la va-vite aux modes raccommodée...

Laisse voir les mille couleurs des reniements,

Signant ce avec quoi l’on s’est accommodés.