lundi 20 juin 2016

Ermitage


Les villes me semblent un très insidieux cancer
Qui lentement s’accroît et même prolifère,
Leurs cellules grises grignotent tout le vert
Et sans rémission, oui, en silence prospèrent.

Tout comme des tumeurs, diligentes et malignes,
Obscurément maillées par un réseau de lignes
Où courent en vitesse tant de vies qui s’enfuient,
Elles ne s’activent vraiment que dans la nuit.

Là, d’apprentis sorciers, des bâtisseurs d’en-pire
Transmutent en pierre leur royaume et empire,
Donnant à leurs rêves les plus fous consistance
Par ces excroissances privées de cohérence.

Leur viabilisation tue l’herbe d’élevage,
Précédée de routes, ces mauvais présages,
Irréversiblement qui conduisent au mitage
Qui rejoint même un jour le lointain ermitage.

Zones d’activité que l’on dénomme parcs,
Abris de ces temples où les marques se démarquent,
Éparpillés le long de ces grises rocades
Derrière lesquelles la vie se barricade.

Et ces casemates d’autres humains nous isolent
Sur nous se refermant comme des camisoles
Qui ne crèveraient bien qu’à coups de bulldozers,
Mais ce geste un peu fou, personne n’ose le faire.

Pour arrêter un jour la bitumisation
Quand cessera-t-on de faire des concessions ?
Et de ces soi-disant plans urbains qui s’entassent

Chose plus sincère qu’un Munich de paperasse ?


lundi 13 juin 2016

Un désastre


L’étoile filante dont tes yeux se délectent
N’est autre que la mort, oui, d’un astre céleste !
D’un coup avec éclat qui achève sa course
Parmi les étoiles et l’immuable grande ourse.

C’est un roc tout en glace austère
Qui se brûle de toucher Terre !
Que des gaz invisibles irisent,
Qui dans la nuit se vaporise.

Dans son épanchement il éclate en lumières
Parce qu’il étouffe au sein de notre atmosphère,
Celle-là, ô pourtant, qui te fait respirer
Est celle à bout portant qui le fait expirer.

D’un cri silencieux, d’une trace,
Il se meurt par manque d’Espace !
Son espace ô combien vital,

Sur ta Terre ronde et létale.


lundi 6 juin 2016

Incarcération de l’Incarnation


Prisonnière de mes cellules
Qui l’encerclent d’avec leurs bulles
Mon âme à vie est enfermée,
En moi prenant perpétuité
Sans avoir été condamnée,
En corps serrée, comme damnée.

Recluse en incarcération,
Les os de mon incarnation
Sont pour elle de gros barreaux
Et elle se tient à carreau
Dedans ma cage thoracique
Qui toujours lui coupe la chique.

Nul ne peut saisir le Pourquoi
Du fait qu’elle hante cet antre
Et ce corps-ci, plutôt qu'un autre ?

Ni derrière ce mur de chair
Quelle est la faute originaire
Qui a pu la conduire là ?

Mais close en ces quartiers d'haute-sécurité
Elle est par ton parloir très souvent visitée
Et la veillent tes yeux, miradors adorés
Qui lui sont des anges, gardiens de sa prison.

Et puis, et puis, de jour, de nuit, pour s’en aller
De la tête entourée de sa barbe et halée,
Mes rêves lui offrent une grande évasion

Loin de cette maison, loin de toute raison.