lundi 20 juin 2016

Ermitage


Les villes me semblent un très insidieux cancer
Qui lentement s’accroît et même prolifère,
Leurs cellules grises grignotent tout le vert
Et sans rémission, oui, en silence prospèrent.

Tout comme des tumeurs, diligentes et malignes,
Obscurément maillées par un réseau de lignes
Où courent en vitesse tant de vies qui s’enfuient,
Elles ne s’activent vraiment que dans la nuit.

Là, d’apprentis sorciers, des bâtisseurs d’en-pire
Transmutent en pierre leur royaume et empire,
Donnant à leurs rêves les plus fous consistance
Par ces excroissances privées de cohérence.

Leur viabilisation tue l’herbe d’élevage,
Précédée de routes, ces mauvais présages,
Irréversiblement qui conduisent au mitage
Qui rejoint même un jour le lointain ermitage.

Zones d’activité que l’on dénomme parcs,
Abris de ces temples où les marques se démarquent,
Éparpillés le long de ces grises rocades
Derrière lesquelles la vie se barricade.

Et ces casemates d’autres humains nous isolent
Sur nous se refermant comme des camisoles
Qui ne crèveraient bien qu’à coups de bulldozers,
Mais ce geste un peu fou, personne n’ose le faire.

Pour arrêter un jour la bitumisation
Quand cessera-t-on de faire des concessions ?
Et de ces soi-disant plans urbains qui s’entassent

Chose plus sincère qu’un Munich de paperasse ?