lundi 27 avril 2015

Transpercé du Regard


En une seconde, à toute vitesse
Ce train-là qui me transporte transperce
Sans égards, une gare où des travailleurs
Ont passé tant de temps en durs labeurs.

Des temps modernes c’est la cathédrale,
La chanson de gestes peu théâtrale
Qu'ils ont élevée à force des mains
En lui donnant leur parpaing quotidien.

Lieu commun, bâti dans l'indifférence,
Que nul ne pare d’un quelconque sens,
Dont la permanence en nos paysages
N'a pour but que d'assurer nos passages.

Et moi je parcours cette infrastructure
Avec la plus grande désinvolture !

Sache que j'ai pensé
La même chose de toi
Qui m'as si vite jugé
De ton regard atone,
Quand on construit son moi
Atome après atome.

lundi 20 avril 2015

La Production Automobile Française


Il faut les voir, les bouchons parisiens,
Les matins de soleil hurlant, ou serein
Pour comprendre la passivité des miens.

Là, des êtres restent des heures durant
En cet auto-stop où nul on ne prend,
Calmement, à passer les vitesses
Sans jamais ne prendre de vitesse.

Les guimbardes et les modèles puissants
Y tournent au ralenti, égalité d’un temps !
Il faut faire la file indienne, c’est ça ou rien,
Où est le temps quand on jouait aux indiens ?

L’habitude est prise, matinale,
Et dans ces prisons de métal
Indolents ils patientent sans mal.

Certaines se maquillent en hâte
D’autres encore refont leur cravate,
Tous écoutent la radio qui les soulage
En leur susurrant qu’il y a embouteillage.

Surtout, surtout, ne pas craquer !
Planter là sa voiture, voyons, personne ne le fait !
Il y a le travail qu’il y a à aller,
Il y a le crédit qu’il y a à payer.

Et puis, Et puis…cela créerait un embouteillage !

Dis, après être ainsi passés à ce laminoir,
Ce rouleau compresseur, ce moderne Assommoir,
Tous les jours, les semaines à ce même poste,

Crois-tu encore que peut rester la révolte ?

lundi 13 avril 2015

Premier Mercredi du Moi


Comme Madeleine de Proust reste pour moi
Les premiers mercredis du tout début de mois
Lancinante à l’esprit, l’incendiaire sirène
Hurlante en la ville à en perdre son haleine.

En les jours où je vais sans visibilité
Ton chant, ma Sirène, étrange et enchanté,
L’espace d’un instant me replonge en enfance
Voici plus de trente ans, dans un coin de la France.

Me déviant tel Ulysse en l’île aux souvenirs
Il parvient à crever les durs bouchons de cire
Bien enfoncés en moi qui ne veux plus entendre.

Et me remémore les moments restés tendres
De ce jour si calme où il n’y avait pas école, 
En ce temps, où le pire même était bricoles. 

lundi 6 avril 2015

Ciel ! Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel ?


De prime abord exponentielle
[Nous pensions atteindre le ciel !]
La vie s'essouffle en logarithme
Tandis que se calme son rythme.

Avant, avant que ne s'avance
Sans transition la décroissance,
Imperceptible décadence
Où meurt l'étais en pente douce.

Pour chuter, [d'espoir brutal vol !]
Sous forme abrupte d'hyperbole
Portant en terre nos envols.

De nos vies, c'est la parabole.