lundi 27 janvier 2014

Crever les écrans



Sur la cour ou la rue, ouvertes sur la vie,
C’est par les fenêtres que la lueur surgit.

Mais c’est par elles que, protégés par les vitres
Certains voient s’activer un monde qu’ils évitent
Et que l’agitation jamais n’a vivifiés,
Restant à distance, tout comme vitrifiés.

Un monde dont ils fuient les funestes outrages
Quand insonorisé par les doubles vitrages
Et privé de tous bruits il semble menuet,
Aussi inoffensif qu’un lointain film muet.

…………………………………

Mais d’autres fenêtres, celles de l’internet
Derrière notre écran sans bouger nous permettent
De voir sans les toucher de très étranges anges
Caressés du clavier du bout de nos phalanges.

Comme en les premières le vertige nous guette
Lorsque l’on s’épanche de trop à ces fenêtres.

Risquant, défenestrés par notre ordinateur
Qu’il nous plante ses coins carrés en plein le cœur
Puis de finir noyés, pris dans le haut débit
Où va sombrer l’esprit dans l’océan des bits.


Insondable océan du monde numérique
Qui court dans le canal des lignes électriques.
Là où, vois-tu, nos frénétiques compulsions
Se transmutent, oui, en électriques impulsions.

lundi 20 janvier 2014

Dérive d'un rideau



Derrière l’âpre tissu de vos rideaux,
Inavouables, des choses se passent
Tandis que sur l’autre face au verso,
Indifférents sur rue des passants passent.

Baisser complice du double rideau
Qu’intentionnellement vite l’on tire
Pour pouvoir mieux boire la vie à flots
Lorsqu’il retombe sur nos scènes intimes.

Oui, lorsque ces troubles rideaux nous cachent
Voici que tout ! En notre être se lâche
Et que, dans la lumière alors plus douce
Soudain exacerbés les sens s’exercent.

Alors, comme dérivant sur un radeau,
Sous ces voiles que gonflent nos deux souffles
Nous appareillons, cap vers les doux gouffres,
Faisant fi, effrontés, des médisances…

Qui nous sont tempêtes en verre d’eau.

lundi 13 janvier 2014

Lignes de vue, Lignes de vie



De loin, lorsque tu regardes un tableau
L’essentiel peut-être n’est pas dans le cadre,
Quand bien même il serait doré, voire beau
Qui délimite cette œuvre, même insigne.

Mais aussi dans les lignes de fuite, jolies,
Invisibles qui au-delà font convergence
Et dans la perspective qu’elles nous découvrent
Qu’elle soit géométrique ou bien cavalière.

Et vois-tu, à lui sont semblables nos vies
Où l’essentiel peut-être n’est pas dans le cadre,
Quand bien même il serait doré, voire beau
Qui délimite notre œuvre, même insigne.

Mais aussi dans les lignes de fuite, jolies,
Invisibles, que la vie nous découvre
Et dans ces perspectives qu’elles nous ouvrent,
Quand bien même elles ne seraient que cavalières.

Lignes qui offrent parfois la surprise insigne
Avec des êtres autres, d’une vraie convergence.

lundi 6 janvier 2014

Production ou reproduction ?


En cette après-midi, fugitifs de la peine,
De la pleine journée d’un milieu de semaine
Nous partîmes à deux faire une amoureuse sieste, 
Délaissant de côté au diable tout le reste !




Pendant qu’industrieux le pays travaillait
Que tout autour de nous les villes s’agitaient,
Citoyens exerçant notre droit de retrait
Nous leur avons cédé place, bien volontiers !




Ne contribuant plus au Système, renié
Nous avons emprunté un chemin buissonnier
Plutôt que leur sentier « lumineux » de croissance,
En état de civile désobéissance.




Je sais bien que certains, Cassandres de la crise
Diront qu’agir ainsi confine à la traîtrise.

Mais, en circonstances pour nous atténuantes
Sachez que l’on laissa la lumière allumée.
Eh oui, même alanguis nous avons consommé,
Sauf est donc ce produit, même intérieur et…brut !