lundi 27 janvier 2014

Crever les écrans



Sur la cour ou la rue, ouvertes sur la vie,
C’est par les fenêtres que la lueur surgit.

Mais c’est par elles que, protégés par les vitres
Certains voient s’activer un monde qu’ils évitent
Et que l’agitation jamais n’a vivifiés,
Restant à distance, tout comme vitrifiés.

Un monde dont ils fuient les funestes outrages
Quand insonorisé par les doubles vitrages
Et privé de tous bruits il semble menuet,
Aussi inoffensif qu’un lointain film muet.

…………………………………

Mais d’autres fenêtres, celles de l’internet
Derrière notre écran sans bouger nous permettent
De voir sans les toucher de très étranges anges
Caressés du clavier du bout de nos phalanges.

Comme en les premières le vertige nous guette
Lorsque l’on s’épanche de trop à ces fenêtres.

Risquant, défenestrés par notre ordinateur
Qu’il nous plante ses coins carrés en plein le cœur
Puis de finir noyés, pris dans le haut débit
Où va sombrer l’esprit dans l’océan des bits.


Insondable océan du monde numérique
Qui court dans le canal des lignes électriques.
Là où, vois-tu, nos frénétiques compulsions
Se transmutent, oui, en électriques impulsions.