lundi 1 février 2016

Rouge à Rêves


Je suis le Père Noël
Du comité du personnel,
Je joue ce jeu pour la joie
Et l’esprit collectifs.
De loin on m’aperçoit
Avec ma boule de tifs.

D’habitude dans cette usine
Je bosse dans les cuisines
Mais quand j’prends mon rouge à rêves,
Mon air bonhomme et mièvre,
Alors, durant ce boulot d’un jour
On m’voit sous un nouveau jour.

Sous les jaunes projecteurs
Je suis le rouge protecteur !
J’éparpille des papillotes
Prises la main dans le sac.
Avec sur le dos cette hotte
Qui me cache, guère de trac !

Les tout-petits encore y croient,
Les plus grands, déjà rebelles,
Avec attention me dévisagent
Et tirent ma barbe à papa Noël.
D’autres, qui ont passé l’âge,
Me renvoient un air narquois.

Je reçois des commandes
Et je fais des réprimandes
À ceux qui ne furent pas sages.
Je fais de belles promesses
Qui jamais ne m’engagent
À de petites princesses.

À travers mes gros sourcils
Je devine de jolies mères
Aux fines formes graciles
Et aux yeux de Chimère.
Pour elles ardemment je brûle
De passer par la cheminée
Afin de m’offrir en cadeau,
Enrubanné et enturbanné.

C’est pourquoi quand j’enlève mon déguisement
Je me sens vide, en cellule de dégrisement.

Car pour moi qui étais le Père Noël,
C’est le dur moment où je perds Noël…
Pour revenir à mon existence banale,

Pour revenir à mon existence bancale.