Dans la Marge
Je suis le
marginal.
Je vis là où se
finit votre ville,
Dans son piémont
de murs, artificiel,
Au pied de vos
immeubles, à l’air si sûr,
Là où l’Homme
redevient la mesure.
Où se dissout dans
l’anarchie totale,
Envers du décor, revers
de médaille,
L’illusion de la
maîtrise esthétique
Que donnent vos
perspectives historiques.
Maîtrise du temps
et de la nature
Dont Ils se
glorifient, qui les rassure,
Tant l’air de la
ville qui les rend libres,
Tant l’air de la
ville les rendît ivres !
Ici va s’achevant
la métropole lisse,
Cette orgueilleuse
et si fière Métropolis.
Entrepôts car il
vous faut bien manger,
Affiches car il
faut bien consommer,
Routes et rails car
il faut bien s’évader,
Cités-dortoirs car
il faut bien dormir,
Cimetières car il
faut bien mourir !
Le beau est mort
et la mort même est fonctionnelle
Et il n’y a plus
guère que les grandes grues, elles
Qui tout au loin,
libres !, donnent le sens du vent
Ou bien les fumées
des usines en s’élevant.
Sur le grand
cahier dans la marge
De cette ville où
tout est cris,
De cette ville où
tout s’écrit,
Je crie ce texte
de la marge.
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