vendredi 28 février 2025

Game Over !


Jeune, la vie était dans mes jeux vidéo
Sans cesse en mouvement ! sorte de rodéo
De loin préférable aux jeux triviaux du préau
Et j'y passais mon temps, loin des autres ados !

Dans leurs décors simples je me mouvais au rythme
Des alternatives prévues par l'algorithme
Et tout à merveille répondait au levier
Que fort fiévreusement mes deux mains empoignaient.

Que de sensations fortes alors de Liberté !
Quand bien même Quelqu'un avait tout programmé
Et même si je la savais conditionnelle 
Dans ces lieux factices créés par le logiciel.

Certes de gros coups durs ou fatals avatars
Atteignaient mon double et numérique avatar 
Mais le millier de vies dont il se créditait
D'en bas me permettait de tout recommencer.

Les heurts dans cette vie étaient juste un Total,
Mes blessures à l'écran disparaissant sans mal
Mon corps n'étant fait que de uns ou de zéros,
Puis la fin me voyait vaincu, ou bien héros.

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Pas comme dans la vie ! où rien ne cicatrise,
Où jamais les choses en mon sens ne s'organisent,
Où je n'aurai qu'erré dans un même tableau,
Bloqué, sans réussir à changer de niveau !

Où la mort est sortie nette et définitive
Sans que soit programmée une quelconque esquive
Et où l'on espère, en vain, que Le Créateur
A notre Liberté donne sens, et valeur.




L'amour à la rue

(Histoire d’amour écrite avec des noms de rues ou de places de Paris)

Rencontre :

Rue de la providence

Rue du regard

Rue Belhomme

Rue mademoiselle

Passage du désir !

Elle :

Boulevard brune

Rue bergère

Rue princesse

Rue royale

Rue gracieuse !

Joie :

Rue du printemps

Rue Margueritte

Rue de la Gaîté

Rue des prairies

Rue jasmin !

Premier rendez-vous :

Rue du rendez-vous

Rue de la présentation

Rue désirée

Rue des entrepreneurs

Rue de la main d’or

Rue des Hautes Formes

Rue Campagne Première

Avenue de Lamballe

Rue Patin

Rue de la victoire !

Première fois :

Rue couche

Place de la porte-maillot

Rue du trésor

Rue Chaudron

Rue bosquet

Passage de la vierge

Avenue de la Bourdonnais

Rue du petit musc

Rue de la source

Rue fontaine

Rue de Lappe

Rue Boileau !

Bonheur :

Rue de la félicité

Rue de la harpe

Rue de l’harmonie

Rue de paradis

Rue de l’arc de triomphe

Place du panthéon

Rue Lheureux !

L’Amour :

Rue Lamoureux,

Rue de Capri

Place des fêtes

Rue de Babylone

Place du Pérou !

Mariage :

Passage de l’union

Rue de l’Ave Maria

Rue de l’hôtel-de-ville

Rue au maire

Rue madame

Rue monsieur

Rue Legendre !

Vie en couple :

Rue de la fidélité

Rue de la convention

Cité de l’ameublement

Rue de la nativité.

Lassitude :

Boulevard Sérurier

Avenue des ternes

Rue du pôle nord

Rue du poteau !

Infidélité :

Rue des mauvais garçons

Rue papillon

Rue du chat-qui-pèche

Rue Beaurepaire

Rue des petits-hôtels

Rue des favorites

Rue des dames

Impasse poule

Rue Rataud !

Tromperies :

Rue pirouette

Rue de l’ancienne comédie

Avenue Courteline

Rue de la petite truanderie !

Engueulades :

Rue des filles du calvaire

Rue de montempoivre

Rue des vinaigriers

Rue de Dantzig

Passage d’enfer !

Rien ne va plus :

Rue des boulets

Impasse des deux-anges

Impasse des souhaits

Impasse de la confiance !

Pleurs :

Rue des eaux

Rue du ruisseau

Rue des cascades

Rue Dénoyez !

Séparation :

Rue du retrait

Rue de la clôture

Rue juge

Rue des partants.

Solitude :

Passage des soupirs

Rue des solitaires

Rue de l’ermitage

Rue des Jeûneurs

Rue du Sahel

Rue Reclus

Rue de l’échaudé !

Réconciliation :

Rue du télégraphe

Passage des postes

Rue des volontaires

Rue des bons enfants

Passage de la bonne graine.

Retrouvailles :

Rue de la réunion

Rue de la paix

Rue du plâtre

Rue de la renaissance

Rue des…recollets ! (à prononcer avec l’accent italien ;😊)




mercredi 26 février 2025

Stockholm-Syndrome

La ligne d’horizon reste notre horizon !
Qu'Elle soit rouge sang, ou bien bleu horizon
C'est l'enclos des combats, c'est l'écrin des passions
Que délimite aux yeux cette démarcation.

Sous une atmosphère de pression, tout en bas,
Nous sommes au sol cloués, comme l'Autre sur sa croix
Mais ignorants pourtant de cette gravité
Des choses, qui nous ôte d'un envol l'idée.

Mais de nuit Elle laisse entrevoir les étoiles,
Astres munificents de toutes magnitudes !
Si bien que l'on voudrait vers eux mettre les voiles.

Dès lors, pour ce plafond de verre éprouve l’Homme
Ce syndrome connu, mélangeant gratitude
Et vif ressentiment, que l’on dit de Stockholm.


mardi 25 février 2025

Rouge à Rêves !

Je suis le Père Noël
Du comité du personnel !
Je joue ce jeu pour la joie
Et l’esprit collectif
Et de loin on m’aperçoit
Avec ma boule de tifs.

D’habitude dans cette usine
Je bosse dans les cuisines
Mais quand j’passe mon rouge à rêves
Que j'prends l'air bonhomme et mièvre
Alors, pour c’boulot d’un jour
On m’voit sous un nouveau jour !

Sous les jaunes projecteurs
Je suis le rouge protecteur !
Avec sur le dos cette hotte
J’éparpille des papillotes
Prises la main dans le sac,
Je suis masqué, guère de trac !

Les tout-petits encore y croient
Et font le siège autour de moi.
Les plus grands, déjà rebelles
Tirent ma barbe-à-papa-Noël.
D’autres, qui ont perdu la foi,
M'envoient un air narquois !

Je reçois beaucoup de commandes
Et fais de douces réprimandes
À ceux qui ne furent pas sages
Ou, sans que cela ne m’engage
Je fais de belles promesses
Pour Noel à de petites princesses !

À travers mes gros sourcils
Qui rendent la vue difficile
Je devine de jolies mères
Aux beaux yeux de Chimère
Et, sous le manteau, je brûle ! 
De m’offrir à elles en cadeau
En passant par leur cheminée,
Enrubanné et enturbanné !

C’est pourquoi...quand j’quitte ce déguisement
Je m’sens vide, comme en cellule de dégrisement

Car pour moi qui étais le Père Noël,
C’est l’moment où je perds Noël !

Pour revenir à mon existence banale,
Pour revenir à mon existence bancale.


lundi 24 février 2025

La Courbe des Ans

En mon for intérieur un  faible être gît,
Et combien erratique est son chemin de vie !
Quant à mes actes ils assouvissent des désirs
Eux-mêmes au jour le jour résultats du Hasard.

Cependant, me déniant ce libre opportunisme
D’obscurs statisticiens crient au déterminisme !
Pour eux mes anticipations  sont rationnelles
Et même mes passions n’ont rien d’irrationnel !

Ce que j’ai d’intime, ce que j’ai d’intérieur,
Est agrégé par eux au Produit Intérieur.

A leurs yeux je ne suis qu’un point sur une courbe,
Qui stagne en ce moment, et cela les perturbe !
Mais, croyez-moi, je fais c'que j'peux pourtant
Pour y croî(t)re encore, et aller de l’avant !

En ces temps où je sens ma propre trajectoire
Comme l’économie, commencer à déchoir,
Qu'au fond de moi je sais mon inadéquation,
Cet état n'est que donnée d'abstraites équations.

Et quand j’entends certains prôner la décroissance,
Qu’ils sachent que pour moi, déjà, elle s’avance !
Quand s’éloigne à grands pas ma douce adolescence

Et mon potentiel, avec elle, de croissance…


dimanche 23 février 2025

La Vie [Droit] Devant Soi


Je les vois jeunes encore et bien portants
Mais certaines fois pourtant je m’étonne
Que la vie droit devant eux traversant,
De si peu de choses déjà ils s’étonnent.

Aveugles à ce qui s’offre à leurs côtés,
Jamais ils ne s’émerveillent sans peur
Ni ne s’autorisent des à-côtés
Et rien ne vient réveiller leur torpeur.

La vie, ils la parcourent comme un songe,
Décor de western propice aux mensonges,
Aperçu au travers de leurs œillères
En de rapides œillades buissonnières.

Leur route est tracée sur un parchemin,
Celle où, droits, ils sont sur leur droit chemin,
Confortablement calés dans l’ornière,

Qui les guide à la seconde dernière.


Pas Sage, Obligé !

Petite, voici que tu atteins l'âge
Où tu en as vraiment assez du lait.
Soudain, un désir d'arômes moins sages
Aux saveurs davantage acidulées,
Que tu ne connais certes pas encore
Mais dont tu pressens l'envie, prend ton corps.

Envolée l'insouciance de l'enfance
Qui jamais ne rime avec innocence
Voilà que se profile l'adolescence
Et ses sensibles soucis d'apparence.

Toi, toute novice recrue des sens
Tu contemples cette recrudescence
Que tu voudrais freiner et maîtriser 
Mais qui se poursuit, de gré ou de force,
À l'image des seins qui ont poussé
Sans que tu y agrées sur ton torse.

La zone de tous les dangers s'avance !
Pour qu'en toi tu puisses prendre confiance
Il te faudra changer tes références,
Il te faudra trouver ta différence.

Et que de passages obligés commodes
Par l'écoute des chanteurs à la mode
Autant que le port de jeans taille basse
Exposant ton nombril à marée basse !

Ou bien celui de créer ton propre blog
Que tu nourriras d'intimes dialogues
Qui ne seront pas forcément très sages,
Où tu mêleras en vrac des images
De têtes de mort et de noirs cercueils,
Auprès de cœurs, de loirs et d'écureuils.
  
Mais je sais bien, paradoxe charmant,
Qu'un jour contre toute attente, vraiment,
Naîtra de ce conformisme effréné
Ta véritable adulte identité.