Les Lignes de l’Imaginaire
Les lignes en vos
pensées ne sont qu’imaginaires
Mais pas autant pourtant
que vous pourriez le croire.
Souvent, même
invisibles elles sont si malignes
Qu’elles ont sur
le réel de lourds effets insignes.
Les lignes invisibles
des champs magnétiques
Irrésistiblement
attirent les alliages
Et d’étranges
êtres, messies charismatiques,
Vers nous en
dégagent et nous prenons leur sillage.
La sombre ligne
bleue de la forêt des Vosges
Fut une frontière
que nos yeux interrogent.
Le trente-huitième
parallèle en latitude
Aujourd’hui encore
sépare les Corées
En piques au ciel
pointées, à peine édulcorées,
Qui pour passer n’offrent
guère de latitude.
Et c’est sur le
tracé fictif d’un méridien
Qu’Espagne et
Portugal, sur le dos des Indiens,
Se partagèrent à
l’ancienne le Nouveau monde
Avec leurs grands
ciseaux, le long des longitudes.
Dans notre chair
même, les lignes de la main
Délimitent il
paraît, nos fragiles destins.
Et n’entend-on pas
que, passé un certain âge
Celles qui se creusent
sur notre visage
Gardent la mémoire
des espoirs et affronts
Comme après les
guerres les lignes d’anciens fronts.
Les lignes d’ombre
de nos personnalités,
Les lignes vertes
où se figent les durs conflits,
Les lignes
d’horizon qui bornent nos visions,
Les lignes rouges
que l’on ne doit pas franchir,
Les lignes qui
bougent, auxquelles il faut s’adapter
Et le non-dit qui
fait son lit entre les lignes !
Inversement, pensée
dure comme le fer
La ligne Maginot
ne fut qu’imaginaire !
Oui, car elle
donna la vraie grande illusion
À tous un temps
d’une illusoire protection.
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