lundi 17 août 2015

Les Lignes de l’Imaginaire


Les lignes en vos pensées ne sont qu’imaginaires
Mais pas autant pourtant que vous pourriez le croire.
Souvent, même invisibles  elles sont si malignes
Qu’elles ont sur le réel de lourds effets insignes.

Les lignes invisibles des champs magnétiques
Irrésistiblement attirent les alliages
Et d’étranges êtres, messies charismatiques,
Vers nous en dégagent et nous prenons leur sillage.

La sombre ligne bleue de la forêt des Vosges
Fut une frontière que nos yeux interrogent.

Le trente-huitième parallèle en latitude
Aujourd’hui encore sépare les Corées
En piques au ciel pointées, à peine édulcorées,
Qui pour passer n’offrent guère de latitude.

Et c’est sur le tracé fictif d’un méridien
Qu’Espagne et Portugal, sur le dos des Indiens,
Se partagèrent à l’ancienne le Nouveau monde
Avec leurs grands ciseaux, le long des longitudes.

Dans notre chair même, les lignes de la main
Délimitent il paraît, nos fragiles destins.

Et n’entend-on pas que, passé un certain âge
Celles qui se creusent sur notre visage
Gardent la mémoire des espoirs et affronts
Comme après les guerres les lignes d’anciens fronts.

Les lignes d’ombre de nos personnalités,
Les lignes vertes où se figent les durs conflits,
Les lignes d’horizon qui bornent nos visions,
Les lignes rouges que l’on ne doit pas franchir,
Les lignes qui bougent, auxquelles il faut  s’adapter
Et le non-dit qui fait son lit entre les lignes !

Inversement, pensée dure comme le fer
La ligne Maginot ne fut qu’imaginaire !
Oui, car elle donna la vraie grande illusion

À tous un temps d’une illusoire protection.