mercredi 5 août 2015

Auto-Portrait


Sans cesse inachevé, je suis une œuvre humaine
De la fin vingtième, début vingt-et-unième,
Qu’on pourrait bien croire figurer un portrait
Mais qui sous la croûte du crâne reste abstrait.

Regard noir, que souvent l’on prend pour de la haine,
En tous points conforme à l’heure contemporaine
Mes traits sont fort grossiers, voire même équivoques
Et déjà torturés, comme peints par Pollock.

Exposé aux vents froids, jamais aux alizés,
Dès le départ je fis salon aux Refusés
Sans réussir à quitter mon cadre étriqué,
Paré du vil vernis des savoirs fabriqués.

Les traits décomposés par faute des regrets
Le visage vieillit, pareil à Dorian Gray
Et le Temps, ce peintre, sur cette toile hérisse
Des rides creuses assassines de la peau lisse.