Voir Naples....et sourire
Sont-ce les immeubles
qui collent à ses collines
Ou Naples est-elle
faite des murs qui culminent ?
D’autres casemates
peuplent son cimetière
Car pour les morts
aussi la place est rare et chère.
Montagnes de déchets
dans ses augustes rues
Qui sont d’autres reliefs,
mais ceux de l’abondance,
Juste à côté desquels,
insouciant le flot passe
De jeunes hommes rieurs
aux vêtements très classes.
La ville est assise au
pied du grondant Vésuve,
Étouffante et dense
comme une énorme étuve
Et de jour et de nuit
l’éruption continue.
Oripeaux de linge qu’on
accroche aux fenêtres,
Ces éphémères arches
entre immeubles, et êtres,
Qui pendent aux façades,
tels les étranges lianes
De cette jungle-ci,
pénétrante et urbaine.
Sans lasser de laisser
tous nos sens interdits.
Mis à terre les
panneaux de sens interdits !
Seuls les stridents klaxons
y font fonction de freins.
Mer qu’on ne voit
que peu, même de tout en haut
Car Naples étonnement,
oui, lui tourne le dos,
Belle indifférence à la
beauté du Golfe
Comme s’il n’y avait
autour guère de golfe.
Son port du bout du
bout du vaste monde
Qui jamais ne s’arrête
une seconde
Est relié à de fort
lointaines chines
Où des trafics, nous dit-on,
se machinent
Grace à ces
innombrables containers
Qui débarqués, disparaissent
dans l’air.
Nonchalamment,
d’élégants policiers
Marchent le long des
quais dans les quartiers
Où s’achète la vraie
contrefaçon,
Ne s’en souciant en aucune façon.
Là, lisant le journal, un immigré récent
S’inquiète de la chute du
gouvernement,
Il est bien le seul !
La ville est entourée
d’immeubles en déshérence
Où fort hasardeuses
s’avèrent les errances.
Dans les viles
banlieues de cette ville honnie
Même Christ ne s’arrêta
pas en l’éboulis.
Mais à Noël Naples est de
crèches illuminée,
Pareilles à nos rêves
d’enfant enluminés
Parmi les jeux cruels, loin
des contes de fée !
Tant et si bien qu’à
notre retour, Rome
Nous paraît aussi calme
et économe
Que Berlin,
<< Accueil