Que cette gare aux si nombreux quais
De belles destinations évoquait !
S'ébrouant, notre train croisa le fer,
Dévié par les voies du chemin de fer.
Il cheminait à un train de limace
Avec force grincements et grimaces.
Une fois cette mise en train passée
Nous nous retrouvâmes alors lancés
À toute vitesse dans ce convoi,
Apaisés qu’il trouve, enfin ! sa
voie.
Ce train m'a fait repenser aux prémisses
De notre jeunesse, riche en promesses.
En notre jeune âge où la perspective
D’attractives et joyeuses
prospectives,
De tant de voies possibles à
emprunter,
Promettait des lendemains qui chantaient.
Nous qui, dépassées les incertitudes
De notre début de vie un peu rude
Nous trouvons, comme l'on dit, sur les
rails,
L'allure stabilisée, non sans mal.
Porteurs sains en nos chairs de ces
aiguilles
Que l'âge plante comme banderilles.
Qui ne faisons, lors de notre voyage,
Jamais plus qu'effleurer les paysages,
Placés derrière une vitre glacée,
Guidés par des voies trop bien
balisées.
Nous, dont le train de vie fonce,
blindé,
Qu'on le veuille ou non, à marche
forcée
Sans qu'il soit permis de marquer
l'arrêt
Pour cueillir la fleur qui pousse à
coté.
Nous lançons la même sirène, éplorée
Qu'envoient les trains...des autres égarés.