lundi 9 février 2015

Planète des Songes


Constamment l’on peut voir les vivants pour leurs morts
Qui sur l’autre rive doivent gagner le port,
Être pleins de vive affrétée sollicitude
Tant ils voient qu’infinie devient leur solitude.

Aux blanches cliniques, des jeunettes graciles
Au moment critique, avenantes et faciles,
Dégorgeantes de vie, assèchent les sueurs
Et pallient à leur vie, les langeant de suaires.

Puis aux cimetières, sous le rude soleil
De jeunes hommes rieurs, dans la clarté vermeille,
S’en s’épargner peine, à force de durs coups
Creusent en la terre d’oblongs et profonds trous.

Enterrant ces ci-gît pour que, sis sous la pierre
Sous l’ombre des soucis, à six pieds sous la terre,
De feus-là qui souffrirent
L’on n’ait plus rien à dire.

Ceci fait, plus lourd que le marbre, vient l’oubli,
Oui, juste interrompu par moments dans la nuit
Par l’envol affolé
D’incertains feux follets.