lundi 2 décembre 2013

Toits et moi



En sa contre plongée sur les toits de Paris,
Faubourgs sédimentés au long des siècles enfuis,
Le regard embrasse d’incongrus paysages
Tout proches et pourtant loin des perspectives sages
Des façades hautement policées de Haussmann,
À qui leur épaules font comme un haussement.

Dedans les reculées et sombres arrière-cours
De ce royaume indu où seul le zinc a cours,
Autonome une vie suit son propre long cours
Bien indifférente à tous ces bruits assourdis
Que la ville alentour en fond sonore ourdit.

Sans vis-à-vis la vie là-haut est invisible !
Comme uniques arbres des antennes ostensibles
Et s’y éparpille en millions de petits coins
Le ciel qui se brise dans les lucarnes, au loin.

Au lever du soleil tout comme à son coucher
La pointe de ces Monts [de fer]-Blanc intouchés
Se teinte d’un rose très doux et sans épines,
Furtive floraison qui bien vite décline.

On y imagine intrépide un Belmondo
Qui court sur les nus-toits et glisse après sa cible,
Au vertige rendu par la course insensible…

Ou bien…un poète oublié sous les rideaux,
Caressant ce chat noir langoureux qui minaude
Et d’une fenêtre l’autre, se baguenaude.