lundi 13 février 2017

Chaînes Premières


Leurs aiguilles orientées vers un unique pôle,
Je vois les antennes identiques à des boussoles
Qui indiquent à nos yeux le grand Nord médiatique
Pour capter dans les airs l’invisible trafic.

Sur nos toits, à côté des noires cheminées,
Echouent sur leurs arêtes les ondes acheminées.
Puis leurs grilles tremblent de frissons, magnétiques
En l’instant transmutés en pulsions, électriques. 

Des feux de Saint-Elme éclairent la nuit ces mâts,
Soumettant nos foyers à l’ardent audimat.

Là, les téléviseurs, ces précepteurs de fer,
Sans cesse ressassent ce qu’il est bon de faire,
Annonciateurs du temps des cerveaux disponibles,
Où seront nos cerveaux rendus indisponibles.

Tant la loi des séries, ce crash continuel,
Jour après jour, forge notre vue du réel
Et met en sommeil la plus vive intelligence

Que fascine toujours, cependant, l’indigence.