Jardin d'enfances
Dans ce verdoyant parc de ma petite enfance,
Terreau dérisoire de mes premières errances
Où s'enracinent tant, et tant de souvenirs,
Où jeune se planta le décor à venir...
Lieu qui pour moi jadis résumait tout le monde,
Moi qui ne voyais pas l'au-delà à la ronde
Mais me sentais héros tel Vasco de Gama
Quand j'allais, découvrant ses verts panoramas...
Lorsqu'aujourd'hui je prends ses chemins ombragés
Chargés de ces traces que j’ai pu y laisser
C'est en ma mémoire, oui, qu'alors je me meus,
Empruntant ses canaux, étranges et ombrageux.
Ainsi, dans le jardin aux haies en labyrinthe
Je m'égare en pensées dans mon passé, sans crainte,
Dans ce présent aussi, compliqué et tordu
Où je ne puis trouver ni dessein, ni issues.
Dans ce parc, les arbres à la croissance rapide
Aux bizarres branches, au départ intrépides,
Qui pourtant y ont crû n'ont pas atteint le ciel,
Autant que moi plantés, espoirs artificiels !
Près de la rivière, en voyant l’eau couler
Je mesure que je ne suis pas Dorian Gray
Quand dans l’eau fugace je perçois mon reflet
Qu’un léger vent d'antan vient rider et enfler.
Je m’arrête à l’ombre des jeunes rires en fleur
Et je m'allonge en long en le sens de la langueur
Dans cette clairière aux lumineux souvenirs
Contempler feue ma vie, des yeux la soutenir.
Mais hélas, voraces de vraies ronces ont surgi,
Épineux problèmes parasitant l'esprit !
Griffant l'insouciance, qui s'est évanouie
Et ce vert paradis, d’avec leur force inouïe.
Indifférents, au loin, vois ces passants passer
Qui prennent la suite
Tandis que je pense aux figures du passé
Qui prirent la fuite.
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