lundi 8 juillet 2013

Anticipations rationnelles au Tour de France



Lors d'une étape, les hommes échappés,
Par-delà l'épate de la télé,
Comme s’ils étaient pris dans une nasse
Se retrouvent en l'Équilibre de Nash.

Ils vivent dans leur chair, ces évadés
Le cruel Dilemme du Prisonnier.

Oui, de ces coureurs le commun espoir
Pour pouvoir se disputer la victoire
Est de creuser encor l’écart qui fond
Fait d'avec le peloton, d'exécution.

Dont ils rompirent les rangs tout à l'heure
Et qui poursuit leur groupe à toute allure
En les tenant comme en laisse invisible,
Inoffensifs, en la distance cible.

Or, chaque échappé pour mieux respirer
Vampirise la roue d’un équipier
Qu'il suce pour jouir de l'aspiration,
N’allant pas devant sans compensation.

Il sait qu'un partenaire, parvenu
En profitera le moment venu
Pour froidement lui voler sa victoire
Et chaudement s'envoler vers la gloire.

Pour pouvoir gagner la lutte finale
Chacun d’entre eux ménage sa pédale,
Nul ne voulant travailler pour l'honneur
Ni passer à côté du grand Bonheur.

Dès lors, creuser l'écart n'est plus plausible
Car ensemble tout devient impossible !

Et c'est pourquoi ils passent à la trappe,
Non car le peloton mou les rattrape
Mais parce qu'ils auront trop anticipé
Leur passage en la ligne d'arrivée.
……………………………………………
Comme morale à cette fable pour sportifs
S'entrevoit rien de moins que le monde actuel
Où libéré, l'intérêt individuel
N'entraîne pas toujours le Bonheur collectif.

Au sein duquel certains, mus par l'avidité
Ne s'estiment aucun dû envers la Société,
Aveuglés par l'orgueil, sans voir plus loin, disons…
Que le bout racorni de leur petit guidon !