lundi 9 juin 2014

Parait royal



En le Palais-Royal planté je suis un arbre
Parmi ses cent statues, toutes en riche marbre
Et que de jalousie autour cela génère !
Car indénombrables sont mes verts congénères
Qui auraient tout donné pour déployer leurs tiges
En cet auguste lieu, au renom de prestige !

Identique aux tilleuls plantés par vos aïeuls,
Rien n’arrête votre œil sur mon mur droit de feuilles
Ni ne s’effondrèrent jamais nos frondaisons,
Ici, règne en légions l’ordre à Napoléon !























Moi et mes compères boisés nous inspirâmes
Colette, dont ici subsiste encore l’âme
Mais qui pourrait croire à voir tant d’Institutions
Qu’y foisonnait jadis la crue prostitution ?

Bannis par le gardien sont les cris des enfants
Et nous n’aimons guère ces jeunes-là, grimpant,
Eux qui viennent arracher nos feuilles sans raison
Puis plus tard, vont graver sur nos si frêles troncs
Des serrements d’amour d'êtres écorchés vifs
Qui nous laissent à nu, comme hêtres écorcés vifs.

Tous, nous voici plantés selon une enfilade
Qui du Palais voisin singe les colonnades,
Belle perspective en juste honneur à ce lieu,
Mecque plus ultra de l’esprit de Richelieu !

J’entends dire certains, assez malignement
Que nous tous ne serions qu’arbres d’alignement.
Et même ? Il nous sied d’être décoratifs
Toujours à la pointe et élégants, tels des ifs.

Orgueilleux il est vrai de cette ombre agréable
Procurée aux crânes des hommes d’État glabres,
C’est un fait cependant que jamais en revanche
Je ne puis librement déployer loin mes branches
Alors que mes cousins des belles forêts franches
Eux poussent en liberté, et comme ça les branche !

Ce noble élagage, que l’on dit en marquise
Où aucun végétal ne peut faire à sa guise
Fait que l’hiver venu on me coupe au carré
Car croître n’est permis que d’un seul des côtés !

Cette rude entaille, qui taille sans compter
Me fait venir j’avoue, l’envie de tout planter
Et d’abandonner ce jardin à la française
Pour un beau jour qui sait, oui, filer à l’anglaise !

lundi 2 juin 2014

Infrastructurantes




Certes, on n’agglomère pas au hasard
Aux abords des échangeurs et des gares !
Nous, qui nous fixons à vie dans un lieu
Que si vite ! nous pouvons le fuir mieux.

Comme si, embarqués dans un avion,
Pour pouvoir s’échapper, à l’occasion
Voire peut-être en réchapper tout court
Nous restions près des sorties de secours.



Ces infrastructures structurent l’espace
Qu’occupe sur Terre l’humaine espèce
Et poussent à l’occupation anthropique
Qui dès l’origine fut entropique.

Quand l’aménagement du territoire
Fait l’emménagement du territoire…

lundi 19 mai 2014

Pas sage obligé

Petite, voici que tu atteins l'âge
Où tu en as vraiment assez du lait.
Un désir soudain d'arômes moins sages
Aux saveurs davantage acidulées
Que tu ne connais certes pas encore
Mais dont tu pressens l'envie, prend ton corps.
Envolée l'insouciance de l'enfance
Qui jamais ne rime avec innocence,
Oui, voici que survient l'adolescence
Et ses sensibles soucis d'apparences.
Toi, toute novice recrue des sens
Tu contemples ta continue croissance,
Spectatrice d'une recrudescence
Que tu voudrais freiner et maîtriser…
Mais qui se poursuit, de gré ou de force
À l'image des seins qui ont poussé
Sans que tu y agrées, sur ton torse.
La zone de tous les dangers s'avance !
Pour qu'en toi tu puisses prendre confiance
Il te faudra passer bien des écueils
Comme celui de créer ton propre blog
Que tu nourriras d'intimes dialogues.
Ils ne seront pas forcément très sages
Et sans doute y mettras-tu des images
De têtes de mort, ou de noirs cercueils
Auprès de cœurs, de loirs et d'écureuils.


L'écoute des chanteurs sur ton I-pod
Autant que le port de jean taille basse
Exposant ton nombril à marée basse
Seront des passages obligés commodes
Afin que tu te fondes dans la masse.
Mais je sais bien, paradoxe charmant,
Qu'un jour contre toute attente, vraiment,
Naîtra de ce conformisme effréné
Ta véritable adulte identité.

lundi 12 mai 2014

Embâcle



Quadrillée de grands ensembles muraux
Qui s’avancent, tels navires amiraux
Dans cette ville ici où tout se bâcle
Les trottoirs m’ont saisi, comme en embâcle.

Le temps d’un sentimental hivernage
Je colle à leurs plaques de bitumage,
Englué jusque par l’air que je hume
Chargé des errances déjà posthumes.

Sans fin, je longe l’épaisseur des murs
Où s’absorbent vos intimes murmures,
Bien indigeste pâté de maisons
Autour duquel je tourne sans raisons.

Chétif, entre deux pavés un brin d’herbe
Tente de vivre en l’univers acerbe
Et moi, comme lui, cherchons…le Miracle !
Celui qui retarderait…la débâcle.

lundi 5 mai 2014

Jardin d'enfances

Dans ce verdoyant parc de ma petite enfance,
Terreau dérisoire de mes premières errances
Où s'enracinent tant, et tant de souvenirs,
Où jeune se planta le décor à venir...

Lieu qui pour moi jadis résumait tout le monde,
Moi qui ne voyais pas l'au-delà à la ronde
Mais me sentais héros tel Vasco de Gama
Quand j'allais, découvrant ses verts panoramas...

Lorsqu'aujourd'hui je prends ses chemins ombragés
Chargés de ces traces que j’ai pu y laisser
C'est en ma mémoire, oui, qu'alors je me meus,
Empruntant ses canaux, étranges et ombrageux.

Ainsi, dans le jardin aux haies en labyrinthe
Je m'égare en pensées dans mon passé, sans crainte,
Dans ce présent aussi, compliqué et tordu
Où je ne puis trouver ni dessein, ni issues.

Dans ce parc, les arbres à la croissance rapide
Aux bizarres branches, au départ intrépides,
Qui pourtant y ont crû n'ont pas atteint le ciel,
Autant que moi plantés, espoirs artificiels !

Près de la rivière, en voyant l’eau couler
Je mesure que je ne suis pas Dorian Gray
Quand dans l’eau fugace je perçois mon reflet
Qu’un léger vent d'antan vient rider et enfler.

Je m’arrête à l’ombre des jeunes rires en fleur
Et je m'allonge en long en le sens de la langueur
Dans cette clairière aux lumineux souvenirs
Contempler feue ma vie, des yeux la soutenir.

Mais hélas, voraces de vraies ronces ont surgi,
Épineux problèmes parasitant l'esprit !
Griffant l'insouciance, qui s'est évanouie
Et ce vert paradis, d’avec leur force inouïe.

Indifférents, au loin, vois ces passants passer
Qui prennent la suite
Tandis que je pense aux figures du passé
Qui prirent la fuite.




Les bruits-âges de la vie

Bruit des enfants le matin Au petit déjeuner, Leur gazouillement festif ! Quand s’annonçait la journée, rayonnante. Bruit des adultes le mid...