lundi 3 mars 2025

Les bruits-âges de la vie

Bruit des enfants le matin

Au petit déjeuner,

Leur gazouillement festif !

Quand s’annonçait la journée, rayonnante.


Bruit des adultes le midi

Prenant la pose, déjeuner,

Propos acides parmi les lipides

Quand s’avance la journée, ronronnante.


Bruit des vieux le soir

qui sans-dents-dînent,

Aux anecdotes qui radotent

Quand, déjà ! finira la journée, déclinante.

Mémoires de l'Eau


Un homme au cœur dur et desséché
Soudainement se met à pleurer
Lorsqu’il évoque ces violences
Après cinquante ans d’un lourd silence.

Une femme à la peau craquelée
Repense aux eaux fortes qui coulaient
Lors des étreintes physiques
Bien des années après, dans sa clinique.

Une Rose du désert recuit
Renaît d'une éphémère pluie
Se souvenant qu'elle n'est pas morte,
Quand l'eau de pluie, enfin ! lui fait cohorte.

Eaux de la mémoire, 
Mémoires de l’eau.



La Vie du Rail


Que cette gare aux dizaines de quais
De belles destinations indiquait !

Sa vue m'a fait repenser aux prémisses
De ma jeunesse, riche de promesses,
En ce temps béni où la perspective
D’attractives et juteuses prospectives,
De tant de voies possibles à emprunter,
Dessinait un parcours de vie varié !

S'ébrouant, notre train croisa le fer,
Dévié par les voies du chemin de fer.
Il cheminait à un train de limace
Avec force grincements, et grimaces
Imitant ainsi les incertitudes
Du départ dans la vie, parfois bien rude !

Une fois cette mise en train passée
Nous trouvâmes, enfin ! la sérénité,
Apaisés qu’il ait pu trouver sa Voie,
Oubliant la vitesse du convoi
Au rythme stabilisé non sans mal,
Comme à l'âge adulte, mis sur des rails !

Découvrant, plus tard...trop tard ! que lancés
Qu'on le veuille ou non, à marche forcée,
Coincés derrière nos vitres blindées
Et guidés par des voies bien balisées
Il n'est plus possible de s'arrêter
Pour voir les fleurs poussant sur les cotés.

Lors, comme un train, voyant qu'en ce Voyage
Nul ne fait qu'effleurer le paysage,
Puis que notre chair souffre des aiguilles
Que l'âge y plante, comme banderilles
Nous aussi, lançons un cri, éploré !
En croisant d'autres êtres autant égarés.






dimanche 2 mars 2025

Les Parisiens


Qu’ils prennent de ces airs, les Parisiens !
Orgueilleux ! autant que des Pharisiens !

À voir leur tête qui l’veau bien ils semblent
Jamais n’apprécier d’être mis ensemble
Mais cependant viennent s’agglutiner ?
Dans l’Agglomération s’agglomérer !?

Tous les jours leur visage prend le masque,
Dur et cassant pour les êtres fantasques,
De celui qui est de tout revenu
Et n’veut rien savoir de toi : qui es tu ??
Et pourtant...qu’il crue du siècle ou qu’il grève,
En ces courts moments d’entraide et de trêve,
Ce masque alors tombe sans coup férir,
Laissant voir, inattendu...un sourire !




samedi 1 mars 2025

Révolution copernicienne à l'âge adulte


Enfants, nos parents sont pour nous le soleil fixe
Du monde étrange que de loin nous percevons,
Qui nous semble autour d'eux tourner, tourner en rond
Et qu'ils sont tout-puissants ! dans notre esprit prolixe.

Devenus adultes, univers en expansion,
Nous nous éloignons d'eux, qui en banlieue s'en vont,
Loin, dans un bras de galaxie aux environs
Du Centre productif dans lequel nous vivons. 

Ils deviennent d'autant plus démonétisés,
Des valeurs en flottement généralisé
Au temps où l'on comprend que loin de maîtriser
La vie, ils l'avaient subie !...Comme nous piégés !

Et lancinante alors est la rage dedans
Couvant sous les dimanches en famille émollients.



Immigrés en Destin


Tous les jours, ces vieux immigrés sont en place,
Ils forment des groupes épars sur la place,
Echangent un mot de temps en temps,
Le sourire aux lèvres toujours présent !
  
Ils sont venus construire nos grands ensembles
Où en masse on les a parqués ensemble,
Qui firent la fierté de la nation
Oui, symboles un temps de modernisation.

Que d'autres aujourd'hui cassent à la masse
Pour mieux faire table rase, en leurs décombres
D’un passé colonial qui les encombre,
De problèmes sociaux qui les dépassent.

Et même si leur banlieue est laide
Jamais ils ne retourneront au bled
Et c’est sans doute mieux car là-bas
Le pays a changé à tout-va,
S'y rendre les a dérangés,
Ils s'y sont sentis é-tran-gers !

Et puis c’est ici que grandissent leurs petits-enfants
Dont ils ne veulent plus perdre un seul instant,
Rattraper l’âge où abrutis d'épuisement,
Jamais pour leurs fils ils n’étaient présents.

Ces jeunes dont ils ne comprenaient pas la violence,
Eux qui avaient Tout accepté en silence,
Désespérés par eux, ne sachant être pères,
Désemparés ici, privés de tout repère.

Mais aujourd'hui c’est du passé,
Ce qui arriva devait arriver
Et il s’ébat le ballet des bus
Autour d'eux, figés dans leur rictus,
Immobiles comme des points fixes,
En paroles, hommes peu prolixes !

Qui étaient venus construire nos grands ensembles
Où en masse ils étaient parqués ensemble,
Qui faisaient la fierté de toute la nation
Oui, symboles un temps de modernisation.